vendredi 20 mars 2015

Exposition contre le racisme



Le CDI accueille depuis un mois une exposition d'affiches issues du travail de la 203 en Littérature et Société.



Campagne contre le racisme : les élèves s'affichent !

Les élèves de 203 ont réfléchi, dans le cadre de leur cours de "littérature & société" au pouvoir de l'image et des mots, à travers notamment l'étude de campagnes publicitaires actuelles et plus anciennes, comme par exemple les campagnes Benetton. Ils ont tenté de répondre à ces questions :
Comment décrypter une image ? Faut-il choquer ? Amuser ? Qu'exprime un slogan ? Un logo ? Comment viser un public particulier ?
Leur campagne d'affichage est une tentative de réponse à ces questions, vous pourrez voir leurs productions au CDI ou encore dans les bureaux de nos CPE. N'hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez !


Pierre Néri et Florence Meyeres

vendredi 6 mars 2015

Journée du livre politique à l'Assemblée Nationale

La 24e journée du livre politique, qui se tient tous les ans à l'Assemblée Nationale, avait cette année pour sujet "Rassembler la France". Ce thème avait été choisi depuis plusieurs mois, mais il résonne bien évidemment particulièrement dans la triste actualité de ces dernières semaines. L'Assemblée Nationale avait d'ailleurs exposé pour l'occasion de nombreuses unes de Charlie Hebdo.

Il a fallu se lever de bon matin et supporter le froid
pour pouvoir entrer dans l'Assemblée Nationale

Le thème a d'abord été illustré par la lecture de deux extraits de textes par Denis Podalydès : le Traité sur la tolérance, écrit par Voltaire au moment de l'Affaire Calas, et Les Misérables de Victor Hugo.
Ensuite, Jean-Louis Bianco, président de l'Observatoire de la Laïcité, a rappelé que la laïcité est devenu une sorte de lieu commun du débat public, sans que son sens et ses enjeux soient bien maîtrisés. Il est important de se souvenir que la laïcité ne peut pas régler tous les problèmes, en particulier sociaux. Son rôle est d'être le socle du vivre-ensemble, qui permet la liberté de croire ou de ne pas croire et pose l'égalité comme fondement et la fraternité comme règle.

La journée se déroulait sous les dorures du Palais Bourbon

La première table ronde visait à traiter ensemble de quatre enjeux forts pour la France d'aujourd'hui : nation, identités, territoires et sécurité. La table ronde s'appuyait sur une citation d'Ernest Renan : « Ce qui constitue une nation, ce n'est pas de parler la même langue, ou d'appartenir à un groupe ethnographique commun, c'est d'avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l'avenir ».

Alain Bauer, criminologue, a estimé que la France était complice des attentats des 7, 8 et 9 janvier dernier : parce que celle-ci a pris de mauvaises décisions dans les années 1970, parce qu'elle avait laissé les citoyens vivre les uns à côté des autres et enfin parce que l'inculture générale fait que l'on parle des choses sans les comprendre. Hervé Le Bras, démographe, s'est lancé dans un plaidoyer contre les statistiques ethniques et s'est inquiété de la réforme territoriale qui réveille les revendications régionalistes. Jérome Chartier, député UMP du Val-d'Oise, a défendu l'idée selon laquelle l'intégration passait d'abord par l'école et le travail. Christophe Caresche, député PS de Paris, s'est interrogé sur la contradiction entraînée par le délitement de nos sociétés ouvertes : faut-il limiter les libertés (par exemple religieuses) afin de préserver notre société libérale ? Pour lui, la solution se trouve au contraire dans l'approfondissement du caractère démocratique et pluraliste de la France. Au cours du débat et de façon impromptue, Fadela Amara, ancienne ministre de François Fillon, s'est inquiétée de l'emploi du terme "intégration" qui renvoie aux origines de ceux qui ne sont jamais tout à fait considérés comme Français : il serait plus judicieux selon elle de parler d'insertion.

Alain Bauer et Jérome Chartier échangeant
pendant la table ronde
La deuxième table ronde portait sur l'actualité de la notion d’État-Providence, dans le cadre des déficits sociaux importants et d'une récurrence des débats sur "l'assistanat" et la "fraude". Bruno Le Roux, député PS de Seine Saint-Denis et président du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, a commencé par rappeler que la République est sociale, selon la constitution de 1958. L'État-Providence est ainsi constitutif, dans le cœur des Français, de la République. Pour lui, la principale réforme à mener est de moins penser en terme d'allocations que d'actions sociales : accompagnement, prévention, etc. Pour Hervé Mariton, député UMP de la Drôme, la protection sociale n'est pas une spécificité française. Les difficultés financières qu'elle rencontre rendent celle-ci non soutenable, ce qui doit nécessairement nous conduire à réduire les prestations et à développer les exigences et les contre-parties.

Dominique Reynié, politologue, rappelle l'origine du terme "État-Providence" : celui-ci a d'abord été employé par les religieux pour moquer le fait que l'État cherche à réguler l'ensemble de la vie des hommes. L'État-Providence est basé sur le principe de la solidarité. Autrement dit, c'est une forme particulière et historique de la solidarité qui a évolué jusqu'à son caractère universel au moment de la création de la CMU en 1999 (Couverture Maladie Universelle, qui s'adresse aux salariés au revenu très modeste). Rien n'interdit donc de penser des évolutions radicales de la Sécurité Sociale afin de la rendre soutenable sur le plan financier et donc transmissible aux générations futures. Il serait par ailleurs intéressant, selon Dominique Reynié, de penser une dimension européenne à la solidarité, alors que la question sociale est très peu abordée au niveau européen.

Afin d'introduire la remise des prix du livre politique, Claude Bartolone, président de l'Assemblée Nationale, est revenu sur le fait que selon lui "l'esprit du 11 janvier" (en référence aux manifestations qui ont fait suite aux attentats) renouait avec l'esprit des Lumières : les clubs, la libre expression, le socle de la République symbolisée par la devise nationale... Le rôle de la politique, c'est de décliner des actions publiques jusque dans les quartiers et de lutter contre tous les ghettos, y compris ceux de riches. La culture, à cet égard a une place importance. Elle doit permettre que la délicatesse ne soit pas réservée à une classe sociale.





Le prix des députés est revenu à Joseph Daniel, spécialiste de la communication politique, pour son livre "La parole présidentielle : de la geste gaullienne à la frénésie médiatique". Ce livre est à la fois un livre d'histoire, qui raconte la vie de la Ve République du point de vue des présidents, et une réflexion sur les transformations introduites par les nouveaux outils technologiques et la place de plus en plus importante de médias lancés dans une course de vitesse. Joseph Daniel s'interroge notamment sur le fait de savoir si c'est encore le politique qui possède le pouvoir.




 Le prix du livre politique a été remis à "Les Chirac : les secrets du clan" écrit par Béatrice Gurrey, chef du service grands reporters au Monde. Ce livre insiste notamment sur la place prépondérante du cercle familial autour de Jacques Chirac et sur la fin du pouvoir d'un homme qui n'a vécu que pour le conquérir.
Dernier coup d’œil sur l'Assemblée
et la statue d'Henri François Daguesseau

Un grand merci à l'association Lire la société qui organise cette journée. Vous pouvez d'ailleurs consulter leur page consacrée à cette édition.

Illustrations :
- 24ème journée du livre politique - Fondapol (236) par François Daburon. Licence creative commons CC by-nc-sa 2.0
- 24ème journée du livre politique - Fondapol (29) par François Daburon. Licence creative commons CC by-nc-sa 2.0

La remise des prix en vidéo