samedi 25 janvier 2014

Internet c'est vous (aussi) qui le faites!




Mardi 11 février de 12h30 à 14h
 salle Isnard
 
© Pierre Le Bruchec

un "mardi de Doisneau" animé par Lucile Falgueyrac, coordinatrice de projet à la fondation européenne des logiciels libres


et Amaelle Guiton, journaliste à Slate, à la matinale du Mouv et auteur de Hackers au coeur de la résistance numérique. 

Inscription des classes au CDI , auprès de Michèle Dégardin


La radioactivité: exposition au CDI

Jusqu'aux vacances de février, venez nombreux découvrir l'exposition sur la radioactivité qui accompagne les ateliers scientifiques, et une conférence sur l'énergie qui auront lieu la semaine du 3 au 8 février en salle Isnard. Une animation menée en partenariat avec la SFEN Essonne.

Un questionnaire  d'exploitation est à votre disposition, à demander à Corentin Garault ou Michèle Dégardin

samedi 18 janvier 2014

"Atomes et Lumière", un prix Nobel de Physique au lycée

Jeudi 16 janvier, à 14h en salle Isnard, le professeur Claude Cohen-Tannoudji, prix Nobel de physique en 1997, pour ses recherches réalisées au laboratoire Kastler-Brossel de l'ENS, s'est adressé aux élèves des trois classes préparatoires technologiques du lycée ainsi qu'aux nombreux professeurs de physique, de maths, et même de sciences de l'ingénieur présents.

Si le professeur intervient devant des publics de jeunes c'est pour les convaincre de faire des études scientifiques. Il revient d'un voyage en Inde où il a pu rencontrer des étudiants enthousiastes, qui témoignent du dynamisme et des ambitions de ce pays .

Comment rendre compte de la nature de la lumière et de la matière ? Comment les maîtriser ? c'est un problème de physique depuis la nuit des temps. C'est le point de départ d'un exposé qui retrace les grandes étapes de l'histoire de la physique et de son interaction avec les technologies.

L'exposé démarre par un précis historique depuis Euclide en passant par Newton et Descartes, puis à Maxwell. Avec Newton , on pensait qu'on avait tout compris de la physique, or le relativisme avec Einstein bouleverse tout, et démontre que les équations de Newton sont insuffisantes pour tout expliquer. En 1905, Einstein a émis l'hypothèse des quantas de lumière, qu'on appelle maintenant photons, ainsi que la dualité ondes- corpuscules pour définir leur nature. Mais c'est Max Planck qui formalise la révolution quantique. Maintenant on sait grâce à tout le travail de ces "géants" que la lumière est une onde électromagnétique et un ensemble de corpuscules.   Louis de Broglie, en 1924, étend la théorie d' Einstein à tout et pas seulement à la lumière. Avec la fameuse longueur d'onde valable pour toutes les particules, il fonde la mécanique quantique. Puis c'est une nouvelle étape, Schrödinger qui imagine l'équation d'évolution de la fonction d'onde associée à l'état d'une particule.

Le laser, ou la lumière domestiquée, est mis au point en 1958, par Charles Townes et Arthur Schawlav. Ce dispositif expérimental au départ composé d'un milieu atomique enfermé entre deux miroirs  apparaissait comme un jouet pour savants dans un laboratoire. En 1960, Theodor Maiman construit le premier laser "industriel" qui a changé considérablement la recherche fondamentale en optique. 

La lumière peut désormais agir sur la matière, non seulement pour obtenir de nombreuses informations (spectrométrie) mais aussi pour la transformer. Ainsi on peut ralentir et même refroidir les atomes grâce au laser. Claude Cohen Tannoudji nous explique alors le pompage optique, la résonnance magnétique et les applications qui en découlent: l'IRM en imagerie médicale. Alfred Kastler et Jean Brossel avaient démontré dans leur laboratoire que la lumière pouvait perturber un milieu observé. 

Pour refroidir des atomes avec un laser, il faut utiliser deux faisceaux laser opposés avec la même fréquence et la même intensité. on obtient alors "une mélasse optique". Avec les travaux menés actuellement avec Jean Balibar, le refroidissement évaporatif permet de descendre à des températures encore plus basses.

On peut quand même se poser la question de l'intérêt de refroidir les atomes. C'est déjà utile parce qu'il devient alors possible de les observer plus longtemps, lorsqu'ils sont refroidis car ils sont ralentis.

Les atomes froids permettent ensuite d'améliorer la technologie des horloges atomiques, en les rendant de plus en plus précises et quasi indéréglables. Les horloges atomiques sont importantes pour des technologies comme les GPS. Pour s'affranchir de la gravité (deux horloges à des altitudes différentes ne donnent pas la même heure)  et obtenir une meilleure précision, une expérience en 0 G a eu lieu avec un airbus A 300,  dans l'idée d'installer une horloge atomique dans la station spatiale en 2016, laquelle délivrerait le temps à toutes les horloges terrestres, avec une précision inégalée. Une expérience qui a aussi pour but de valider ou non l'un des principes de la relativité générale :  la dilatation du temps, le temps dépend du champ gravitationnel.

Tout ce long et progressif travail de recherche permet non seulement de pousser les théories jusqu'au bout, la théorie de la relativité générale résiste toujours à l'expérimentation. Nous sommes à présent dans un monde dominé par la mécanique quantique, l'unification des théories n'est que partielle. Il y a donc encore un peu de travail pour rendre la nature intelligible.

Par contre, si toutes ces recherches ont eu des applications qui ont modifié notre quotidien, il est toujours impossible de planifier ce qui peut résulter de la recherche fondamentale, si précieuse et indispensable à notre compréhension du monde.

Le professeur Cohen-Tannoudji avec la photo de groupe de son laboratoire autour d'Alfred Kastler, son directeur de thèse, alors prix Nobel en 1964, nous montre  l'importance du charisme des hommes et  la force de leurs convictions dans la fécondité de la recherche.



En effet sur cette photo, il y a trois prix Nobel, Alfred Kastler (1964), Claude Cohen Tannoudji (1997) et Serge Haroche (2012). La recherche fondamentale est un écosystème fragile, mal compris par des hommes politiques qui ont des visions à court terme. S'il est long et difficile de monter une équipe de recherche, il est rapide et très facile, avec des financements aléatoires et des tracasseries administratives de la détruire. Un chercheur à l'heure actuelle passe énormément de son temps à remplir des dossiers, et c'est du temps en moins à réfléchir, à consacrer à son labo. Or , c'est de l'esprit des hommes que naissent les idées, les protocoles expérimentaux puis les découvertes. Et si on peut refroidir et ralentir des atomes, on ne peut ni accélérer le temps , ni prédire l'avenir.

Une rencontre rare, un message important et un témoignage sur l'état de la recherche, depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Cet après-midi a été bien plus qu'une exceptionnelle leçon de physique.


Bibliographie:


Le site du laboratoire Kastler-Brossel, physique quantique et applications: http://www.lkb.ens.fr


Léon, Jacques. A la recherche de l'espace et du temps perdus. Ellipses, 01-06-2006.. 263 p

Jones, Tony / Milsztajn, Alain. Combien dure une seconde ? : la saga des horloges atomiques. EDP Sciences, 2003.

Greene, Brian / Laroche, Céline. L'univers élégant : une révolution scientifique, de l'infiniment grand à l'infiniment petit, l'unification de toutes les théories de la physique. Gallimard, 2005.

Bernard Diu. Petit traité de physique à l'usage des profanes, Odile Jacob, 2008 

La révolution Laser. Le journal du CNRS 243 . 01-04-2010. pp.18-27.
Pajot, Philippe. Photons : les observer n'est plus un crime. Science et vie 1083 [Périodique]. 01-12-2007. p.82-87

Benot, Michel. Les cinquante ans du laser. Cosinus 115 [Périodique]. 01-04-2010. p.24-27

Roebke, Joshua. Créons-nous le monde en le regardant ?. Dossier Pour la science 068 [Périodique]. 01-07-2010. p.32-37

Sebbah, Patrick / Vanneste, Christian. Un laser aléatoire : un vrai laser ?. Pour la science 396 [Périodique]. 01-10-2010. p.66-73

Le temps est-il une illusion ?. Pour la science 397 [Périodique]. 01-11-2010. p.26-27,34-100

Delbecq, Denis. Les lasers traquent les mouvements des électrons. La Recherche 448 [Périodique]. 2011. p.53-56

Un nouveau monde quantique. La Recherche 455 [Périodique]. 01-09-2011. p.38-55

Desmedt, Patrice. Optique : les bons filons de la filière laser. Usine nouvelle 3299 . 20-09-2012. p.64-67

Benot, Michel. Histoire de chats, d'atomes et de photons. Cosinus 144 . 01-12-2012. p.8-14


Michèle Dégardin



 

 

dimanche 12 janvier 2014

Lilian Thuram au lycée le 9 janvier : "l'Egalité il faut aller la chercher.....avec la tête"


"on ne nait pas raciste, on le devient" c'est le résultat de la force des habitudes,  et c'est une bonne nouvelle, car des mauvaises habitudes, on peut se défaire. il est donc important d'éduquer les jeunes et leur faire prendre conscience très tôt des mécanismes pernicieux de la discrimination, pour qu'ils ne soient jamais ni victimes, ni auteurs de discrimination.

Lilian Thuram a crée sa fondation d'éducation contre le racisme en 2008, alors qu'il jouait à Barcelone. Cette mission s'est imposée à lui, c'est un peu l'oeuvre de sa vie et une façon d'assumer sa responsabilité sociale de sportif de haut niveau et de champion du monde. "Je suis devenu noir à l'âge de 9 ans, à mon arrivée en métropole", "à l'école, on m'a appelé la Noiraude" dit-il pour expliquer son expérience personnelle du racisme, et son engagement militant pour l'Egalité. Plus tard,  il évoque les stades en Italie où les joueurs de couleur sont accueillis avec des cris de singe. Tout le monde lui disait de ne pas s'en faire, c'était comme ça, une forme de bêtise, on ne pouvait pas faire grand chose,  une espèce de fatalité...Loin de s'habituer, et conscient de la difficulté de lutter contre des conditionnements sociaux qui remontent au fond des âges, Lilian Thuram, jeune retraité,  a choisi de prendre son bâton de pélerin dans les écoles pour lutter, en mobilisant des intellectuels prestigieux (Françoise Héritier, Yves Coppens....) et en écrivant sur ces thématiques.(voir bibliographie)

Jeudi 9 janvier,  Lilian Thuram s'est adressé au lycée à plus d'une centaine de jeunes de 4 classes différentes et leurs professeurs en salle Isnard. Cette rencontre avec le grand champion a été préparée depuis des semaines dans chacune des classes avec les enseignants, par des lectures, des exposés et des débats. L'actualité a fourni un grand nombre d'exemples, démontrant quasiment chaque jour en novembre et décembre 2013, l'importance de faire régulièrement un point sur la question dans les écoles.

Cette rencontre a pris la forme d'une séance très vivante de questions-réponses , au cours de laquelle l'invité n'était pas toujours la personne interpelée. En effet,  le grand champion a questionné les jeunes, les a fait s'interroger, pour faire bouger les lignes. Il a pointé les paradoxes, invité à se défaire de préjugés sans se renier. "On ne peut pas revendiquer des droits pour soi, et en refuser aux autres". l'Egalité n'est pas divisible, tente-t-il de faire percevoir à ces garçons et filles qui revendiquent des droits, lorsqu'ils se sentent victimes de discrimination raciale, ou religieuse mais qui seraient tentés de refuser des droits aux homosexuels.

On peut dépasser les discriminations lorsqu'on comprend bien leurs mécanismes. En effet, on ne peut exploiter les gens, que si on arrive à les convaincre d'une prétendue infériorité. C'est une construction intellectuelle insidieuse. Ainsi, le sexisme, la plus ancienne et aussi la plus courante des discriminations génère ensuite toutes les autres. Les races n'existent pas, il n'existe qu'une seule espèce humaine. L'école de la troisième République a perpétué des idées farfelues pour justifier la colonisation. Un passage d'un manuel scolaire de cette époque, le Tour de France de deux enfants, prête maintenant à sourire. 

L'esclavage n'a pu exister que sur le racisme, sinon il aurait été très difficile de vendre, de mettre des fers, de battre et de faire travailler jusqu'à la mort des êtres humains que l'on aurait jugés comme ses égaux. L'esclavage est aboli depuis très longtemps, mais le racisme ordinaire blesse les gens qui ont ensuite du mal à  trouver une place dans la société. Il en résulte rancoeur et frustration et le risque de développer les mêmes symptômes.

Puisqu'il s'agit d'une construction intellectuelle, on peut la déconstruire ...."avec sa tête" en réfléchissant un tout petit peu.....

 En fait pour éviter de tomber dans la victimisation, il faut comprendre. "Celui qui a un problème, ce n'est pas le joueur noir humilié sur le terrain, c'est celui qui pousse les cris de singe". Ne plus se sentir victime et éprouver de la compassion pour l'auteur des propos, c'est déjà un bon début pour lutter contre les discriminations. Chacun d'entre nous peut y contribuer. Car l'Egalité se gagne, elle n'arrive pas toute seule, c'est d'abord un combat quotidien pour faire évoluer les mentalités.

Nelson Mandela, une des "étoiles noires" de Lilian Thuram, est à cet égard un modèle. Il a bien compris le lien entre racisme et homophobie par exemple, il ne s'est pas enfermé dans la victimisation, et il a lutté pour des droits pour tous et pas seulement pour une communauté. Il laisse au monde un héritage moral incomparable.

Pendant une heure et demie, Lilian Thuram a dialogué avec nos élèves, un débat riche et impossible à épuiser en un temps si court. Il a aussi rassuré les pessimistes persuadés d'une aggravation du racisme en France. Dans chacune des classes, les séances d'Ecjs qui vont suivre seront sans doute très animées.

Les enseignants présents ont apprécié la force de son engagement avec les jeunes, son pouvoir de conviction et sa grande disponibilité notamment pour les très nombreuses "séances photos" avec les jeunes, puis avec tous les agents à la cantine. 

Un remerciement spécial aux 5 étudiants du BTS Audiovisuel du lycée de Boulogne et leur professeur qui ont filmé cette rencontre, réalisé des interviews, pour que les jeunes du lycée gardent un souvenir de ce moment rare.


Michèle Dégardin

Important:

 La Fondation Lilian Thuram édite avec la MGEN et la CASDEN un DVD éducatif pour aider les enseignants . C'est gratuit, il suffit de le demander à la Fondation. (voir site )


Bibliographie

  • Thuram, Lilian. Mouvante, multiple, changeante, la France est comme chacun de nous. Après-demain 018 . 04-06-2011. pp.7-9
  • Thuram, Lilian. Manifeste pour l'égalité. AUTREMENT, 2012.
  • Thuram, Lilian / Fillaire, Bernard. Mes étoiles noires : de Lucy à Barack Obama. Éd. Points, 2011.
  • Thuram, Lilian / Coppens, Yves. "L'apprentissage de l'histoire est fondamental ". Le Monde Magazine 019 [Périodique].
  • Geoffroy-Schneiter, Bérénice. De l'invention du sauvage au zoo humain. Beaux Arts magazine 331 . 2012. p.104-109
  • Lilian Thuram / Mehdi Belhaj Kacem : frères d'âmes. Philosophie magazine 066 . 01-02-2013. p.28-33
  •  
  • Fondation Lilian Thuram, éducation contre le racisme (en ligne). 2008. http://www.thuram.org

mercredi 8 janvier 2014

agenda de la culture en janvier

Jeudi 9 janvier à 10h 30: Intervention de la "Fondation Lilian Thuram pour l'Egalité", sur le racisme et les discriminations devant trois classes du lycée. (complet, renseignements Michèle Yana)

mercredi 15 janvier à 10h30: Eric Pigal membre du comité économique et social européen viendra pour une conférence destinée aux sections européennes du lycée: Quel avenir pour l'Europe? (complet: renseignements Mr Neri)

Jeudi 16 janvier 14h : "Atomes et Lumière", une conférence de Claude Cohen-Tannoudji, prix Nobel de physique, pour les classes préparatoires et les professeurs de physique du lycée. (complet: renseignements Michèle Dégardin)

Lundi 27 janvier: "Master class" de Claire Gibault, chef d'orchestre, préparation du concert du 27 mars. (complet: renseignements Michèle Yana)