samedi 20 décembre 2014

Rencontre des élèves de l'atelier sciences po avec Julien Monier rédacteur en chef d'Essonne Info.

Ce vendredi 5 décembre, Julien Monier, journaliste à Essonne Info est venu nous rendre visite au lycée dans le cadre de l’atelier Sciences Po. Ce journal en ligne a été crée en 2010 et donne une actualité politique, économique, sociale, sportive, citoyenne ou associative en Essonne chaque jour. Il a été créé pour fournir une vision plus locale de l’actualité à la population et les journalistes y travaillant favorisent la qualité et l’analyse pour la rédaction de leurs articles, et la connaissance de leur département qui facilite leurs rédactions, leurs déplacements.

Diplômé en Administration Économique et Sociale, et avec un master de sociologie urbaine, Julien Monier n’a pas eu un parcours habituel en passant par une école de journalisme, comme la moitié de la profession d'ailleurs. Cependant, il n’a jamais douté de sa vocation, n’a jamais baissé les bras face aux difficultés du monde du travail. Il lit la presse et beaucoup de livres, et cherche à comprendre le monde par le plus de biais possibles en diversifiant ses sources. C’est ce qu’il lui a donné envie de créer avec d’autres ce journal.

Nous avons également évoqué avec lui les difficultés que rencontre la presse actuellement, notamment la presse papier. La presse vit une transition majeure avec la révolution Internet, les journalistes doivent ainsi sans cesse s’adapter aux changements permanents, ce qui engendre certaines difficultés économiques. Julien Monier nous a d’ailleurs parlé d’un certain nombre de journaux qui faute d’adaptations aux mutations de la presse ou à la crise licencient voire disparaissent. Il a aussi évoqué les difficultés du métier de journaliste : une évolution de carrière plutôt lente, une rémunération plutôt faible, et nous a ainsi parlé de la nécessité d’avoir un réseau solide pour entamer sa carrière et évoluer.

Ce que l’on pourrait surtout retenir de ce moment passé avec lui est que si nous avons des passions, un rêve, il faut mettre tout en œuvre pour le réaliser, se fixer des objectifs clairs et les atteindre et de ne surtout pas baisser les bras à la première difficulté.

Sarah Daïri, TES3

lundi 15 décembre 2014

Journée du livre d'économie : des lycéens au ministère de l'Économie

Le mercredi 26 novembre 2014, 30 élèves de 1e et de Terminales du lycée, inscrits à l’atelier Sciences Po, ont assisté, au ministère de l’Économie et des Finances, à la journée du livre d’économie qui récompense des ouvrages d’économie accessibles au grand public.

Tout le monde s’est levé à l’aube afin d’être parmi les premiers arrivés à Bercy et profiter ainsi des meilleures places. La journée a débuté par un sondage présenté par Brice Teinturier, directeur général délégué à Ipsos, et diffusé le jour même dans le journal Le Monde. Ce sondage montre que les Français ont globalement une image positive des entreprises, et ce, quelles que soient leurs opinions politiques. Les Français se distinguent d’abord par leur attachement particulier à l’épanouissement personnel dans le travail.



Ensuite, trois tables rondes ont cherché à définir la place des entreprises et de leurs dirigeants dans la société d’aujourd’hui. Sophie Pedder, journaliste à The Economist, Xavier Ragot, président de l’OFCE et Louis Schweitzer, président d’Initiative France et ancien PDG de Renault, ont insisté sur le fait que s'il n'était pas particulièrement difficile de créer une entreprise en France, il est en revanche nécessaire de réfléchir aux moyens de favoriser leur développement et leur croissance : ouverture du capital, pédagogie de la réussite commune avec les salariés, ou plus forte coopération entre les entreprises. 

La deuxième table ronde avec Stéphane Rozès, président la société CAP et maître de conférences à Sciences Po Paris, Karine Berger, députée PS des Hautes-Alpes et Antoine Boulay, directeur des relations institutionnelles de BPI France, a plutôt mis l'accent sur la question de la responsabilité des entreprises ainsi que de leur compétitivité et débattu de la pertinence des mesures gouvernementales pour l'augmenter. La responsabilité des entreprises a été évoquée avec l'exemple de la demande schizophrène  des consommateurs aux entreprises :  ceux-ci souhaitent consommer à bas prix tout en exigeant qu'elles fassent un effort en terme de protection de l'environnement et de la santé des travailleurs. Le financement des entreprises a également été abordé, à travers le CICE (Crédit impôt compétitivité emploi) et la question des Français "très forts pour épargner", selon Karine Berger mais dont on n'arrive pas à orienter l'épargne vers le financement d'entreprises. De plus, les mutations apportées par l'économie numérique et l'internationalisation ne sont pas encore prises en compte par les politiques publiques. Antoine Boulay a également rappelé que les banques ne savaient pas comment gérer la dématérialisation de l'économie.



La troisième table ronde a fait dialoguer Laurence Parisot, vice-présidente de l'IFOP, ancienne présidente du MEDEF, et Élie Cohen, économiste, directeur de recherche au CNRS et professeur à Sciences Po, sur les rapports compliqués de la France avec ses entreprises. La question du dialogue social a été abordée de façon positive par Laurence Parisot qui a rappelé que des accords avaient été signés notamment sur la rupture conventionnelle du contrat de travail. Elle rappelle aussi que le libéralisme ce n'est pas "le grand n'importe quoi", qu'il est nécessaire de réguler. Il faudrait trouver des solutions pour inciter l'investissement dans les entreprises au lieu de valoriser l'assurance-vie. Élie Cohen rajoute que dans un contexte global où l'emploi industriel en France a chuté de près de 40 % en 30 ans, le taux de marge des entreprises est très dégradé. Les investissements sont en chute libre car la capacité d'autofinancement des entreprises est très faible. Alors que faire ? Miser sur la formation initiale et continue, former mieux et plus efficacement est une piste. Elie Cohen propose de "changer de modèle" vers une économie de l'innovation.



Cette année, exceptionnellement, trois prix ont été remis lors de cette journée :
  • Le prix lycéen pour L’économie pour toutes : un livre pour les femmes que les hommes feraient bien de lire aussi de Jézabel Couppey-Soubeyran et Marianne Rubistein. Ce livre cherche à la fois à aborder les inégalités hommes-femmes et à répondre de façon claire à de nombreuses questions quotidiennes. 
  • Un prix spécial du jury a été remis à Valéry Giscard d’Estaing, ancien président de la République, pour son livre Europa - La dernière chance de l’Europe. Son discours plein de verve et sans note a particulièrement impressionné les lycéens. 
  • Le prix du livre d’économie est revenu à Changer de modèle de Philippe Aghion, Gilbert Cette et Élie Cohen. 
 Les prix ont été remis par la ministre de l’Éducation Nationale, Mme Najat Vallaud-Belkacem, et le ministre de l’Économie, M. Emmanuel Macron. Les lycéens ont pu profiter de l’occasion pour discuter avec les ministres et prendre quelques selfies.

Illustration :  
- Bercy ministère des Finances par ActuaLitté. Licence Creative commons by-sa 2.0
- Élie Cohen, Philippe Escande et Laurence Parisot lors de la troisième table ronde "La France et ses entreprises". Droits réservés Lire la politique.

jeudi 4 décembre 2014

Claire Gibault et Silvia Colasanti : Orfeo, rencontre autour d'un mythe et d'un métier..

Mardi 2 décembre, en salle Isnard, Claire Gibault est venue rencontrer les lycéens impliqués dans le projet concert du Paris Mozart Orchestra, accompagnée de Silvia Colasanti la compositrice du mélologue Orfeo, qui sera représenté au lycée le 22 janvier 2015.


Cette partition est jouée par deux musiciennes complémentaires mais très différentes. En effet Silvia n'a pas comme Claire été éduquée dans une famille de musiciens. Elle compose depuis l'âge de 11 ans, et c'est grâce à des professeurs qui ont cru en elle, qu'elle a pu accéder à une classe de composition dans laquelle elle était la seule femme. Claire, quant à elle, a eu son père comme premier professeur, elle a ainsi été formée dès l'âge de 4 ans, pour conquérir son statut.

Un premier extrait vidéo passe, montrant Claire dans l'exercice de sa fonction de chef d'orchestre, ce qui l'amène à ce commentaire sur le montage qui tente de gommer la violence de l'engagement physique devant l'orchestre par des insertions d'images d'elle plutôt souriante, comme s'il fallait à tout prix évoquer quelque chose de doux et féminin.

Comment écrire de la musique ? Silvia répond qu'elle doit d'abord penser la musique pour l'écrire sur le papier, plutôt que de travailler au piano, dont le timbre est réducteur . Elle se sert également du logiciel de composition "Finale". Claire rappelle que Silvia est brillante et lauréate de nombreux prix, ce que l'on peut vérifier sur son site web:


Silvia aime écrire sur des mythes antiques car il y toujours possibilité de moderniser les personnages, mais elle a aussi écrit sur la métamorphose de Kafka, un texte que tout le monde connait, car on l'étudie dans toutes les écoles d'Europe.

La rencontre de Claire et de Silvia s'est faite par l'intermédiaire de Fabio Vacchi, dont Silvia était l'élève. Lors d'un concert organisé pour trouver des fonds pour la reconstruction du village de l'Aquila détruit par un tremblement de terre, Claire devait diriger Medea, une composition de Silvia qui venait d'avoir un bébé. Elle a été impressionnée par le tempérament de cette musicienne qui n'hésitait pas à donner au public un morceau où il est question d'une mère qui tue ses enfants, alors qu'elle-même venait d'accoucher.

Le mélologue est un genre musical sur de la voix parlée. Le premier mélologue a été un Pygmalion de Jean-Jacques Rousseau, mis en musique par Georg Benda. Au cours de recherches, Claire a pu trouver une lettre de Mozart ayant assisté à la représentation qui trouve formidable ce genre simple et agréable.

Dans Orfeo, Silvia utilise divers procédés pour créer des images et des couleurs comme une phrase musicale de Monteverdi qui a écrit aussi un Orfeo, le premier opéra de l'histoire de la musique. Elle place un cor derrière les spectateurs pour les inciter à se retourner en entendant l'instrument, au moment où dans le mélologue, Orfée se retourne et perd Eurydice.

Le Paris Mozart Orchestra, pour cette œuvre, se compose de 5 instruments à cordes, 4 instruments à vent, et de nombreuses percussions dont un bâton de pluie.

Claire évoque ensuite la gestuelle du chef d'orchestre avec sa baguette qui amplifie le geste. La main droite, c'est celle de la précision, et la gauche celle de l'expression. C'est l'inverse si le chef d'orchestre est gaucher, et ça arrive quelquefois !
La gestuelle est importante car le chef d'orchestre ne parle que pendant les répétitions. Pendant le concert, il doit réunifier tout ce que donnent les musiciens.
Pour les compositeurs, l'interprète comme le public ont un rôle fondamental car chacun, à sa façon, apporte à la création. C'est comme un miroir, le compositeur avec l'interprète découvre quelque chose, c'est tout sauf figé, et ça évolue dans le temps.

En dirigeant des master-classes de direction d'orchestre, Claire s'est rendue compte que sa présence rassurait les jeunes femmes qui sont aussi nombreuses dans son cours que les hommes. Être chef d'orchestre suppose avoir une bonne connaissance de la science musicale. C'est aussi un travail physique et travailler physiquement va de pair avec le travail intellectuel et l'enrichit. C'est en effet l'engagement du corps qui crée la mémoire du geste. Geste indispensable à la restitution de la musique le jour du concert.




Le mélologue Orfeo est suivi dans le programme du concert  par le chœur du lycée dirigé par Corinne Camperon et Sylvain Follot, qui nous font part d'un moment de  répétition du chant extrait de la musique du film Orfeu Negro. 


Silvia et Claire nous quittent pour aller enregistrer une émission de France Musique qui sera diffusée le 14 décembre à 16 h.
Prochaine étape du projet: 22 janvier, au gymnase escalade pour le concert.


lundi 1 décembre 2014

Myriam Chérif, un des 1000 chercheurs dans les écoles 2014

Ce lundi 1er Décembre, la salle Isnard était pleine d'élèves de premières et de terminales pour ce moment de rencontre avec Myriam, ancienne élève du lycée et doctorante au laboratoire ISTEM. 

Ce laboratoire,  dirigé par Marc Peschanski, est une unité de recherche regroupant une dizaine d'équipes, environ 60 à 80 personnes, qui ont fait des cellules souches, le centre de toute leur attention professionnelle, pour contribuer à trouver des traitements pour différentes maladies, dont certaines, très rares ne concernent qu'une centaine de patients dans le monde.

Myriam commence par situer le cadre de son intervention, l'opération des "1000 chercheurs dans les écoles" pour parler de génétique et de l'action des chercheurs, et aussi pour évoquer le Téléthon, du 5, 6 et 7 décembre prochain,  source indispensable de financement pour faire fonctionner tous les laboratoires du Génopôle. Ces recherches dépassent largement les enjeux des maladies génétiques et concernent finalement beaucoup de pathologies, comme la maladie d'Alzeimer ou l'autisme. Le Téléthon, c'est aussi l'occasion d'entendre parler de génétique et de l'état de la recherche, c'est finalement une façon d'être informé comme citoyen.

La recherche en génétique est très coûteuse, l'un des robots qui réalise des manipulations pour éliminer le côté aléatoire de la manière de faire des humains, qui peut fausser des résultats, coûte 1 million d'euros, un deuxième, lui aussi présenté dans ce petit film, n'est qu'à 600 000 euros.

Myriam développe ensuite un exposé scientifique pour nous expliquer comment apparaissent les maladies génétiques, en nous donnant de nombreux exemples, et en n'oubliant pas de signaler les implications de ces maladies pour les familles des patients.

Le génome ce sont 23000 gènes, ils constituent notre identité, si l'un manque ou s'il y a un petit défaut qui impacte la fabrication des protéines,  nous sommes malades. La carte du génome humain,  puis la localisation de certains gènes est donc une découverte tout à fait fondamentale.


Après avoir appris qu'il y avait deux types de maladies génétiques, on se concentre ensuite sur la manière de fabriquer un médicament, avec le protocole méthodique qui part de l'idée, puis on passe au test sur cellules d'une seule sorte  en "boîte", puis vient la nécessité de tester sur des modèles vivants, souris, chien, pour tester sur des cellules de toute sorte ... avant de passer aux essais cliniques sur l'homme.

Pour soigner, la thérapie génique utilise des vecteurs. Ce sont des virus "apprivoisés" qui vont devenir "livreurs" de gènes de remplacement, afin de  remettre "l'usine de fabrication" de protéines en marche. Il y a déjà des résultats avec les "bébés bulles" et certaines maladies neurologiques mortelles. D'intéressantes perspectives pour d'autres maladies sont en cours d'expérimentation, ou en essais cliniques.

Par contre, il y a des limites,

Pour fabriquer 50 ml de vecteur-médicament, on part d'un bac de 200 litres, qu'on épure en différentes étapes, c'est dire le temps et la rareté. On utilise la moitié pour les patients et l'autre sert aux contrôles qualité très stricts de la production. On peut difficilement traiter toutes les parties d'un corps humain, s'il s'agit d'une maladie musculaire ou de la peau.

Les cellules souches pluripotentes utilisées viennent de deux sources, de FIV ou bien ce sont des cellules humaines reprogrammées. Il n'y a aucune différence entre les deux types de cellules souches.

Myriam termine ensuite son exposé en évoquant les métiers de la recherche et son propre parcours, avec la perspective d'une soutenance de thèse en 2016. Les élèves sont venus nombreux à la fin de cette intervention lui poser des questions sur ses choix.


Michèle Dégardin