lundi 15 décembre 2014

Journée du livre d'économie : des lycéens au ministère de l'Économie

Le mercredi 26 novembre 2014, 30 élèves de 1e et de Terminales du lycée, inscrits à l’atelier Sciences Po, ont assisté, au ministère de l’Économie et des Finances, à la journée du livre d’économie qui récompense des ouvrages d’économie accessibles au grand public.

Tout le monde s’est levé à l’aube afin d’être parmi les premiers arrivés à Bercy et profiter ainsi des meilleures places. La journée a débuté par un sondage présenté par Brice Teinturier, directeur général délégué à Ipsos, et diffusé le jour même dans le journal Le Monde. Ce sondage montre que les Français ont globalement une image positive des entreprises, et ce, quelles que soient leurs opinions politiques. Les Français se distinguent d’abord par leur attachement particulier à l’épanouissement personnel dans le travail.



Ensuite, trois tables rondes ont cherché à définir la place des entreprises et de leurs dirigeants dans la société d’aujourd’hui. Sophie Pedder, journaliste à The Economist, Xavier Ragot, président de l’OFCE et Louis Schweitzer, président d’Initiative France et ancien PDG de Renault, ont insisté sur le fait que s'il n'était pas particulièrement difficile de créer une entreprise en France, il est en revanche nécessaire de réfléchir aux moyens de favoriser leur développement et leur croissance : ouverture du capital, pédagogie de la réussite commune avec les salariés, ou plus forte coopération entre les entreprises. 

La deuxième table ronde avec Stéphane Rozès, président la société CAP et maître de conférences à Sciences Po Paris, Karine Berger, députée PS des Hautes-Alpes et Antoine Boulay, directeur des relations institutionnelles de BPI France, a plutôt mis l'accent sur la question de la responsabilité des entreprises ainsi que de leur compétitivité et débattu de la pertinence des mesures gouvernementales pour l'augmenter. La responsabilité des entreprises a été évoquée avec l'exemple de la demande schizophrène  des consommateurs aux entreprises :  ceux-ci souhaitent consommer à bas prix tout en exigeant qu'elles fassent un effort en terme de protection de l'environnement et de la santé des travailleurs. Le financement des entreprises a également été abordé, à travers le CICE (Crédit impôt compétitivité emploi) et la question des Français "très forts pour épargner", selon Karine Berger mais dont on n'arrive pas à orienter l'épargne vers le financement d'entreprises. De plus, les mutations apportées par l'économie numérique et l'internationalisation ne sont pas encore prises en compte par les politiques publiques. Antoine Boulay a également rappelé que les banques ne savaient pas comment gérer la dématérialisation de l'économie.



La troisième table ronde a fait dialoguer Laurence Parisot, vice-présidente de l'IFOP, ancienne présidente du MEDEF, et Élie Cohen, économiste, directeur de recherche au CNRS et professeur à Sciences Po, sur les rapports compliqués de la France avec ses entreprises. La question du dialogue social a été abordée de façon positive par Laurence Parisot qui a rappelé que des accords avaient été signés notamment sur la rupture conventionnelle du contrat de travail. Elle rappelle aussi que le libéralisme ce n'est pas "le grand n'importe quoi", qu'il est nécessaire de réguler. Il faudrait trouver des solutions pour inciter l'investissement dans les entreprises au lieu de valoriser l'assurance-vie. Élie Cohen rajoute que dans un contexte global où l'emploi industriel en France a chuté de près de 40 % en 30 ans, le taux de marge des entreprises est très dégradé. Les investissements sont en chute libre car la capacité d'autofinancement des entreprises est très faible. Alors que faire ? Miser sur la formation initiale et continue, former mieux et plus efficacement est une piste. Elie Cohen propose de "changer de modèle" vers une économie de l'innovation.



Cette année, exceptionnellement, trois prix ont été remis lors de cette journée :
  • Le prix lycéen pour L’économie pour toutes : un livre pour les femmes que les hommes feraient bien de lire aussi de Jézabel Couppey-Soubeyran et Marianne Rubistein. Ce livre cherche à la fois à aborder les inégalités hommes-femmes et à répondre de façon claire à de nombreuses questions quotidiennes. 
  • Un prix spécial du jury a été remis à Valéry Giscard d’Estaing, ancien président de la République, pour son livre Europa - La dernière chance de l’Europe. Son discours plein de verve et sans note a particulièrement impressionné les lycéens. 
  • Le prix du livre d’économie est revenu à Changer de modèle de Philippe Aghion, Gilbert Cette et Élie Cohen. 
 Les prix ont été remis par la ministre de l’Éducation Nationale, Mme Najat Vallaud-Belkacem, et le ministre de l’Économie, M. Emmanuel Macron. Les lycéens ont pu profiter de l’occasion pour discuter avec les ministres et prendre quelques selfies.

Illustration :  
- Bercy ministère des Finances par ActuaLitté. Licence Creative commons by-sa 2.0
- Élie Cohen, Philippe Escande et Laurence Parisot lors de la troisième table ronde "La France et ses entreprises". Droits réservés Lire la politique.

Aucun commentaire: