vendredi 18 novembre 2011

"La Terre n'appartient pas à l'homme..."Jean-Marie Le Clézio et Rita Mestokosho au lycée vendredi 18 novembre

      Nous avons eu le grand honneur d'accueillir au lycée en toute simplicité ce vendredi 18 novembre, l'écrivain et prix Nobel de littérature, Jean-Marie Le Clézio accompagné de la poétesse innue Rita Mestokosho. Ils se sont rencontrés lors d'un évènement rassemblant des écrivains  originaires des premières Nations de l'Amérique, il y quelques années à Montréal.

 C'est à Rita que revient l'honneur d'ouvrir la séance, elle nous parle de son peuple, des chasseurs de Caribous et des pêcheurs de saumons, 15000 âmes au Nord du Saint Laurent de l'autre côté de l'Atlantique au Canada, si loin mais si proche de nous, car nous sommes tous enfants de la Terre! 
Elle nous fait entendre le battement du coeur de "notre mère la Terre" avec le son du tambour et son chant venu du fond des âges. Elle nous parle des esprits qui selon sa culture, habitent chacun d'entre nous, les animaux, les lieux et les objets. Elle nous invite à redécouvrir la sensation du vent sur notre visage, à aimer la vie, d' être fiers de nos racines, d'être heureux, et de marcher sur le bon chemin. Rita nous lit dans sa langue, puis en français un poème écrit "pour ceux qui vont mal".
Jean-Marie Le Clézio poursuit avec la lecture d'un discours attribué  au chef Seattle,  dont le nom a été donné à la célèbre ville des Etats-Unis:

"Comment pouvez-vous acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre ?
L'idée nous paraît étrange. Si nous ne possédons pas la fraîcheur de l'air et le miroitement de l'eau, comment est-ce que vous pouvez les acheter ?".
Par delà le temps, le message de ce grand chef, même si l'on peut douter de l'authenticité du texte en question,  est toujours d'actualité lorsqu'est prophétisé que nous "allons tous mourir dans nos propres déchets".
"Vous considérez-vous comme un passeur de culture? " demande l'un de nos élèves.  Jean Marie-Le Clézio répond que nous sommes tous passeurs de culture, car nous venons bien de quelque part, et que nous avons quelque chose à transmettre. Oui,  il se considère ainsi, il écrit pour transmettre ce qu'il a reçu. Il est à la fois français et mauricien, et il ne se définit  pas comme voyageur puisque partout où il  s'installe c'est pour travailler et non faire du tourisme: l'Angleterre, les Etats-Unis le Mexique.... Le voyage qui l'a marqué le plus est incontestablement celui qui l'a amené à l'âge de sept ans en Afrique pour rencontrer son père qu'il ne connaissait pas. Jusqu'à Port Arthur, il conserve la mémoire encore très vive de toutes les étapes de ce voyage.
Jean-Marie Le Clézio évoque également son art d'écrivain. C'est instinctif, une seconde nature, il appartient à la grande famille des "conteurs d'histoire". Il écrivait en classe déjà lorsqu'il s'ennuyait en cours au lycée. Il évoque le talent des femmes de sa famille, l'une qui écrivait, l'autre qui contait avec bonheur. Sa façon à lui de nous transmettre un message, c'est au travers de fictions qui contiennent tellement de réalités vues, entendues, transmises. Dans Désert, il y a beaucoup de son épouse et de la famille de cette dernière. Le livre qu'il préfère de ceux qu'il a publié?...Là il nous fait part de sa préférence pour un recueil d'essais sur les peuples amérindiens paru en 1997 La fête chantée. Ce qu'il a le sentiment d'avoir le mieux réussi dans sa vie? sans la moindre hésitation, il répond que ce sont ses trois filles. L'une d'elles est présente au milieu des lycéens.
Le prix Nobel, c'est une récompense importante, il convient de remercier son entourage ceux qui ont encouragé, ceux qui ont soutenu. C'est une reconnaissance internationale qui permet d'avoir une parole entendue. En effet, c'est sur le dialogue entre les cultures que Jean Marie Le Clézio termine son intervention, avant de nous quitter pour aller la semaine prochaine en Corée très loin des Tarterêts .
Le temps s'était arrêté, un moment magique s'est achevé, des élèves émus viennent échanger avec Rita Mestokosho et Jean-Marie Le Clézio avant leur départ.
Michèle Dégardin

  • Pour en savoir plus sur la culture innue

http://www.nametauinnu.ca/fr/visite

  • la page facebook de Rita:

http://fr-fr.facebook.com/pages/Comment-je-perçois-la-vie-grand-mère-Poèmes-de-Rita-Mestokosho/111828735512696
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mardi 15 novembre 2011

La direction d'orchestre par Claire Gibault

Mardi 15 novembre en salle Isnard, nous avons accueilli une conférence de Claire Gibault chef d'orchestre du Paris Mozart Orchestra pour une initiation à la musique classique et à la Direction d'orchestre.
Cette conférence inaugure un court cycle d'Histoire des Arts qui doit conduire les élèves du lycée présents ce jour-là à un concert classique le 2 décembre. en effet, Claire Gibault revient avec un orchestre de cordes de 11 musiciens pour jouer au lycée "les inestimables chroniques du bon géant Gargantua" de Jean Françaix, dont on va fêter le centenaire de la naissance en 2012. 

Ce mardi, il a été question de la baguette du chef, attribut du pouvoir, qui prolonge le geste mais qui n'est pas forcément nécessaire, les mains par contre ont une fonction bien définie. La droite, c'est la main de l'autorité celle qui bat la mesure, la gauche, celle de la sensibilité. Si Claire Gibault a très jeune appris le violon et le piano, il n'est nécessaire à un chef d'orchestre de savoir jouer de tous les instruments , une bonne connaissance de leur possibilité suffit. Claire Gibault compare son rôle à celui d'un manager qui doit faire donner le meilleur d'eux-même aux musiciens. C'est un métier qui réconcilie le corps et l'esprit, l'énergie se transmet par le corps et  qui ne peut s'exercer que par passion. Un métier particulièrement masculin et où une femme peut être chef invité, mais rarement directeur musical d'une formation à moins de créer sa propre entreprise, son propre orchestre.
D'abord très silencieux et un peu perplexes devant un univers "étrange", les élèves se sont un peu  déridés pour évoquer des questions sur la liberté d'interprétation , est-ce que tout n'est pas écrit dans ces étranges signes que sont les partitions , certaines circulaient dans la salle, des partitions de chef avec avec une ligne par instrument. Dans un texte tous les mots sont écrits, et pourtant si nous le lisons à haute voix nous pouvons en respectant chaque mot apporter chacun une interprétation, la musique c'est pareil.
D'autres aspects ont été évoqués comme les tessitures des voix de femmes et d'hommes, la taille des orchestres, le prix des billets et le milieu très particulier des musiciens où la transmission se fait à l'intérieur de dynasties familiales d'un milieu social aisé. Venir au lycée c'est sortir un peu du microcosme des amateurs de musique classique et tenter de gagner un nouveau public et de nouveaux interprètes. 
Michèle Dégardin