vendredi 23 mars 2012

Jeudi 22 mars: Violette Silberstein nous raconte l'orchestre d'Auschwitz


Violette a 14 ans en 1939 au Havre, quand commence la guerre. C'est la fin des études. Elle nous déclare: "j'ai un bac-4, car je n'ai jamais eu l'occasion de faire une troisième!"
Elle nous raconte sa vie agréable en Normandie avec ses parents. Elle a pu voir le départ du Normandie, le Havre c'était le départ de la "ligne" pour New York. La guerre ce sont les bombardements qui frappent durement la nuit une ville importante. Il a fallu se résoudre à partir pour Paris, rue d'Alésia. Elle nous raconte la mise en place des restrictions des libertés et des humiliations pour les juifs: rendre les cartes d'identité, et recevoir des cartes d'identité "d'apatrides", les étoiles jaunes sur les vêtements....Jusqu'à ce que cela devienne tellement insupportable et oblige toute la famille à partir pour Lille, comme des clandestins, sans bons d'alimentation, avec le recours au marché noir. Puis c'est la dénonciation, probablement le type du marché noir, soudoyé par les Allemands, le 1er juillet 1943. C'est l'internement dans la prison de Loos, puis dans celle de Saint Gilles de Bruxelles et enfin le camp de Malines. Le 31 juillet 1943, ils sont entre 80 et 100 dans ce wagon, qui ne peuvent s'asseoir qu'à tour de rôle, avec un seau...les odeurs "on ne peut pas raconter", "personne ne savait où on allait".... "on ne pouvait imaginer que le travail forcé, l'usine". Le 2 août c'est l'arrivée à Auschwitz. Pas  de cris, pas de chiens, les hommes sont séparés des femmes, ils présentent leur paume aux soldats qui les trient, "pour voir qui est un travailleur manuel"... Violette voit son père pour la dernière fois, elle n'a jamais su ce qui lui était arrivé. Sa mère embarque dans un camion, elle laisse sa place, car elle "peut marcher" pour aller dans le camp. Une inquiétude se fait jour, lorsqu'elle se rend compte que la distance séparant le quai et le camp n'est pas si importante que cela, et n'aura de cesse de questionner pour savoir "où sont parties les femmes qui étaient dans le camion". C'est au moment du tatouage, où elle découvre le matricule qui va l'accompagner toute sa vie durant: 51937, qu'elle obtient sa réponse, on lui montre alors les deux cheminées non loin, qui crachent une épaisse fumée blanche..... Au bout de 3h de vie dans ce camp, Violette sait tout de ce qui s'y passe. Beaucoup , nous dit-elle, ont mis plus de temps à s'en rendre compte, car c'est tout de même "incroyable". Elle évoque la quarantaine avant de passer du camp A au camp B, le comptage permanent, les morts et les malades étant amenés à l'appel pour que le compte tombe juste....c'est à l'occasion d'un défilé dans le camp qu'elle découvre l'existence d'un orchestre. Elle entre dans l'orchestre grâce à la pression amicale de ses camarades, car elle trouvait complètement incongrue l'idée de jouer de la musique dans un lieu pareil. Juste pour la survie et surtout pas en raison de son talent. La chef d'orchestre, Alma,  qui n'est autre que la nièce de Gustav Mahler, lui confirme ce qu'elle savait déjà, elle n'était pas très douée pour le violon, mais elle est recrutée quand même dans cet orchestre. Les musiciennes bénéficient d'un quotidien plus confortable, un lit avec drap et couverture, des chaussures au lieu des galoches qui blessent cruellement les pieds, une nourriture améliorée, la possibilité de se laver. Elles se considèrent comme des "privilégiés". Violette nous raconte les poux et le typhus, la faim et les sélections du docteur Mengele. Elle échappe encore à la mort.... "Faire le pitre" pour lutter contre le désespoir. La vengeance des poux, les Allemands attrapant le typhus mouraient plus vite que les déportés.
Le 31 octobre 1944, devant l'avancée des troupes soviétiques, Violette fait partie d'un convoi vers Bergen Belsen, le même convoi que Simone Veil, a-t-elle appris bien plus tard. Le camp est libéré le 15 avril 1944, Anne Franck vient de mourir. Le retour en France est difficile, on ne peut pas dire que les déportés ont été "accueillis", elle nous raconte l'interrogatoire à l'hôtel Lutécia. ...Alma la musicienne est morte au camp, aussi bizarre que cela puisse paraitre, les Allemands qui vénéraient la musique, lui ont dressé un catafalque et ont organisé une vraie cérémonie de funéraille.

Michèle Dégardin

mardi 20 mars 2012

Sylvain Gouz, grand témoin pour le Mardi de Doisneau de la semaine de la presse et des médias


La riche carrière de Sylvain Gouz depuis 1970 a embrassé toutes les possibilités offertes à un journaliste. De la presse écrite: Combat, le Quotidien de Paris, à la radio: RTL, puis à la télévision: TFI, France 3, LCI.....
Elle a servi de point de départ au questionnement des élèves sur ce métier passionnant et aux multiples facettes.
De plus en plus, les filières pour devenir journaliste sont sélectives et exigeantes sur le niveau d'études, que ce soit l'école de journalisme de Sciences Po Paris après une licence, le CFJ de Paris, le CFJ de Lilles et d'autres formations de Bordeaux par ex.  Le type de licence à préparer en vue de faire des études de journalisme doit être au minimum en relation avec le métier: des licences de sciences politiques, d'économie ou de langues vivantes par exemple.
Pour émerger chaque futur journaliste doit se démarquer par une compétence spécifique pour faire de lui quelqu'un de recherché:  maîtriser une langue  comme le Mandarin, ou bien le fait d'être capable d'expliquer des phénomènes scientifiques compliqués pour les mettre à la portée de tous.
Le métier est lui même difficile, beaucoup n'ont pas de travail ou sont pigistes. Les télévisions recrutent peu. Deux journaux ont disparu en ce début de 2012, France Soir et la Tribune. le contexte est complètement modifié par l'irruption des supports numériques.
Toutefois c'est un métier passionnant, qui requiert des qualités d'écoute, de curiosité et une capacité certaine à raconter des histoires. On ne fait pas vraiment ce métier pour faire fortune. Plus on acquiert d'expérience, plus on obtient de responsabilités qui vous éloignent du coeur du métier. Un rédacteur en chef est plus un manager d'équipe qu'un reporter. Or c'est vraiment dans le reportage que réside la noblesse de la profession. Il est important de faire un travail de journaliste même dans les pires situations comme les pays en guerre, l'actualité récente témoigne des risques pris par les journalistes dans les évènements en Syrie....
Sylvain Gouz tord le cou à quelques réprésentations. La censure dans la presse en France, certaines fonctions prestigieuses mais ennuyeuses. .....Il s'est toujours senti libre d'écrire à Combat et au Quotidien de Paris sous la direction de Philippe Tesson. L'information à la télévision française est bizarrement assez inodore et sans couleur politique, contrairement à certaines télévisions étrangères, ou dans la presse écrite.  Ainsi, on peut facilement passer de TFI à France Télévision ou l'inverse.
Le poste le plus intéressant n'est pas forcément celui du présentateur vedette, qui a finalement peu d'initiatives, même s'il est bien plus reconnu dans la rue....La télévision ment-elle? Les images filmées par des téléphones portables sont-elles de bonnes sources? toutes ces questions font l'objet de réponses qui amènent à la  règle fondamentale du journalisme:  la vérification des sources...
Sylvain Gouz est à présent un retraité actif qui enseigne  le journalisme à Sciences Po ou dans des séminaires de formation, et qui a renoué avec l'écrit dans un blog économique publié sur Rue 89:
http://blogs.rue89.com/sylvain-gouz

Michèle Dégardin

Projet Jeunes pour l'égalité: Tirage des affiches

C'est sous le soleil que les élèves de l'atelier "Sérigraphie" ont présenté dans la cour du lycée leurs affiches sur la thématique de la lutte contre les discriminations sexistes et les violences sexuelles. Nos partenaires de l'atelier, la Parole Errante, étaient également présents pour assurer un tirage en direct des affiches.


Encadrées d'une graphiste et de Madame Desjardins de l'association La Parole Errante (partenaire du projet) les élèves ont élaboré 2 affiches, l'une sur les standards de beauté en fonction des époques et l'autre sur les représentations de la femme à travers les différentes religions.    

De nombreux élèves se sont arrêtés pour échanger sur les affiches et sur les techniques (graphisme, tirage....).

Les impressions du public ainsi que celles des réalisatrices des affiches ont été recueillies par les membres de l'atelier radio.

Les affiches sont encore visibles au CDI.
S.J.