samedi 18 avril 2015

#Dysturb au lycée

Double actualité pour ce Mardi de Doisneau du 24 mars puisque c'est la semaine de la presse et des médias dans tous les établissements scolaires, tandis que sur Corbeil-Essonnes commence le festival l'Oeil Urbain, un festival photographique qui se tient jusqu'au 17 mai.
Pour l'occasion, la classe de 213 a reçu l'équipe de #Dysturb qui fait partie des invités du Festival.

#Dysturb s'installe à Corbeil-Essonnes pour l'Oeil Urbain
photographie de Lionel Antoni

#Dysturb est un collectif de photojournalistes qui s'est donné pour objectif de faire redescendre dans la rue la photographie de presse afin que les passants soient interpellés, dérangés (d'où leur nom). Depuis, leurs photos essaiment un peu partout dans le monde. Après son passage au lycée Robert Doisneau, #Dysturb s'est envolé pour Melbourne et New-York. Les collages de #Dysturb accordent une grande place à l'actualité internationale, peu mise en avant par les médias français. Les photos sont systématiquement accompagnées d'une légende qui précise le contexte, de la signature du photographe et du logo du collectif.

Les élèves de 213 et #Dysturb
Photographie de Capucine Bailly

La rencontre a commencé par le constat que peu d'élèves étaient abonnés à la presse écrite. Ce sont la télévision et Internet qui sont les principales sources d'information des élèves avec, dans le même temps, un fort sentiment de méfiance vis-à-vis de ce qui est diffusé. Benjamin Girette et Capucine Granier-Deferre, deux des fondateurs du collectif, ont insisté sur le fait qu'il ne fallait pas tout prendre pour argent comptant et que le lecteur devait comparer différentes sources d'information pour pouvoir se faire sa propre idée. En règle générale, ceux qui défendent une « théorie du complot » refusent de donner des arguments et de se confronter aux journalistes qui ont été sur le terrain et qui eux racontent ce qu'ils ont réellement vu.

Capucine Granier-Deferre raconte alors son expérience en Ukraine au cours du conflit qui oppose depuis 2013 ce pays à la Russie. Pour résister à la propagande exercée des deux côtés, il est nécessaire d'aller sur place et de se confronter aux témoignages. Néanmoins, regarder le traitement d'une même actualité par Russia Today et CNN est aussi très intéressant pour observer l'écart entre les versions. En France, heureusement, il n'existe pas de chaîne de propagande comme cela peut exister dans d'autres pays (Fox News, Russia Today, etc.). Le problème majeur qui se pose, c'est le fait que les chaînes d'information en continu ont tendance à étirer les commentaires sur l'actualité instantanée, autrement dit à faire de la non-information, plutôt que d'insister sur le contexte des faits pour qu'ils puissent être mieux compris par le public.

Une partie de l'équipe de #Dysturb
accompagnée par Lionel Antoni de l'Oeil Urbain

Le milieu du journalisme français est très petit : le moindre montage qui transforme une image ou la moindre manipulation fait rapidement le tour des professionnels et met à mal la crédibilité du journaliste qui s'y est prêté. C'est pour cela qu'en tant que photojournalistes, tout le monde est très attentif à corriger rapidement les erreurs de légende qui se produisent parfois.

La dernière question évoquée est celle des conditions financières des journalistes. Alors que les frais de séjour peuvent être importants, une photographie de guerre se vend auprès des journaux pour quelques centaines d'euros quand dans le même temps les photos people peuvent rapporter beaucoup, beaucoup plus aux paparazzi. Mais le besoin d'informer sur ce qui se passe à travers le globe est plus fort que l'envie de gagner beaucoup d'argent pour un travail peu intéressant...

Collage sur le gymnase
Photographie de Lionel Antoni

Après cette discussion, les élèves de 213 ont aidé #Dysturb à coller une grande photographie (3 mètres de haut pour 4 mètres de large) sur le mur du gymnase. Cette photo a été prise par Pierre Terdjman, un des fondateurs de #Dysturb. Elle représente « un chrétien centrafricain [qui] attend d'être soigné après avoir été blessé lors d'affrontements entre anti balakas et sélékas dans le quartier nord de Bangui ». La photographie est toujours visible, comme d'ailleurs les autres photos affichées un peu partout dans Corbeil-Essonnes.

La photographie, toujours visible au gymnase

De grands remerciements à toute l'équipe de #Dysturb pour leur gentillesse et leur réactivité face aux élèves, à Sindy Duarte de la Mairie de Corbeil-Essonnes pour sa collaboration, à Lionel Antoni du festival l'Oeil Urbain, aux élèves de 213 qui se sont prêtés au jeu et à leurs enseignantes, Séverine Mouret et Sybille Fouilland.

Pour plus d'informations :
- Le site de #Dysturb : www.dysturb.com
- Le site du Festival l'Oeil Urbain : www.loeilurbain.fr