Le 29 Janvier 2013 nous avons rencontré Violette Jacquet. Elle avait 14 ans quand la guerre et la déportation avaient commencé, les bombardements avaient fait fuir la famille de Violette Jacquet jusqu'à Paris. En ces années, la France avait faim, les rations données à la population étaient insuffisantes (un morceau de pain était l’équivalence de 10 centimètres de long) et le nombre de Juifs trahis et dénoncés aux milices augmentait de jour en jour. La famille de Violette Jacquet en faisait partie et ils se retrouvèrent à Lille dans la prison de Loos, puis dans celle de Saint Gilles de Bruxelles et enfin le camp de Malines, « tant que nous seront ensemble tout ira bien » pensaient ils.
Puis vint la déportation, un trajet de 3 jours dans des wagons à bestiaux avec pour seule mesure d’hygiène, un seau. Collés les uns aux autres, « Nous supputions » déclarait elle. Le 2 Août 1943, Violette posa ses pieds sur les quais d’Auschwitz pour la première fois, son père séparé de sa famille pour rejoindre les autres hommes, montrait ses paumes de mains aux S.S pour évaluer sa capacité au travail manuel tandis que sa mère montait dans un camion ou femmes et enfants étaient confinés. Jugeant bonne son aptitude à marcher, Violette suivra un groupe de femmes qui marcheront jusqu’au camp à 1 km de là.
Le sort de son père était clos, elle le savait. Cependant le camion où avait été emportée sa mère n’était pas revenu. Et toutes les questions que Violette posait sur ce véhicule, aucune réponse convenable ne lui était apportée.
Affaires personnelles emportées, Violette se vit rhabillée et douchée pour entrer dans la file d’attente qui l’amenait vers sa nouvelle identité, 51937. Alors que l’aiguille traversait sa peau, elle demanda à la tatoueuse où emmenait le camion qui transportait sa mère, la tatoueuse lui montra d’un coin de l’œil deux grandes cheminées qui dépassaient au loin le camp. « Ta mère et les autres ont été gazées et à cette heure, incinérées. » La réponse de la tatoueuse fit éclater en sanglot Violette qui dit alors : « je voulais alors que la terre se dérobe sous mes pieds pour m’y engouffrer et mourir »
Les jours se ressemblaient au camp, mais ce qui surprit Violette, était l’existence d’un Orchestre féminin qui accompagnait le pas des travailleuses qui allaient et revenaient des chantiers. Les musiciennes de cet orchestre avaient une meilleure situation, ils bénéficiaient de chaussures, de vêtements, d’endroits pour se laver et dormir convenablement. Violette entra dans l’Orchestre après une première tentative, la chef d’orchestre avait été émue de son vouloir vivre et de sa tristesse. Elle y joua du violon.
Aujourd’hui encore Violette Jacquet est en vie grâce à sa détermination, son envie de vivre et à cet orchestre qui lui a accordé des années de plus à vivre. La France libérée, Violette rentre au Havre, ville qui fût à reconstruire entièrement, la guerre y avait laissé sa marque tout comme dans la vie incroyable de Violette Jacquet. « J’ai retrouvé un pays exsangue », « indicible » disait-elle, la libération était comme un « étonnement » dont on ne se rendait pas bien compte.
Violette Jacquet nous témoigne son histoire car c’est « sa raison de vivre », raconter ce qui a été son quotidien pour que la mémoire perdure à travers les hommes qui voudront bien l’écouter.
Clémence Durand, ST1 AM