mercredi 26 mars 2008

Mardi 25 mars 2008 : Les "Mardis de Doisneau" à la préfecture de l'Essonne



32 élèves ont assisté à une conférence donnée par Mr le Préfet, dont voici les grandes lignes.

La Préfecture a plus de 200 ans, créée en 1800 par Bonaparte, à la suite de la création des Préfets, représentants du 1er Consul dans les départements  (créés en 1790). Il s’agissait de mettre en place un cadre administratif cohérent sur l’ensemble du territoire ; l’idée de la Révolution et du Consulat était d’avoir une administration homogène, en découpant le territoire national en morceaux de « qualité » équivalente. Quand Bonaparte est arrivé il a gardé une organisation territoriale, qui semblait bonne (les départements), avec des chefs-lieux correspondant à des villes assez importantes sans qu’elles soient représentatives de l’ancien régime (anciens diocèses ou sièges de « gouvernement militaire » par exemple)…et accessibles de tous points du département par une journée de cheval…Cette trame a servi de cadre aux Préfectures, pour mettre de l’ordre dans le contrôle du pays par l’exécutif : Préfets nommés par le Premier Consul, chargés d’informer  le 1er Consul « en direct », avec « tous les pouvoirs administratifs » (impôts, conscription)…
Les choses ont évolué et l’institution préfectorale aussi, surtout avec l’apparition des collectivités locales (communes) et la « décentralisation » récente (1982). Le Préfet est le représentant de l’Etat et le Président du Conseil Général est le représentant de l’exécutif départemental (affaires sociales, collèges…). Idem en direction des communes (ex : permis de construire). Au fil du temps le Préfet a vu ses compétences transférées aux partenaires locaux. L’organisation administrative s’est en outre transformée : disparition du Conseil de Préfecture, de la juridiction administrative, Directions départementales autonomes, etc… mais maintien d’un personnel administratif important (ici, en Essonne, 500 personnes).

L’Etat est aujourd’hui dans une situation financière difficile, avec réduction des effectifs en  Préfecture (5 à 10 emplois perdus par an). Efforts de mutualisation est en cours (revue générale des politiques publiques) en essayant de limiter les effets de doublon (standards, imprimeries, communications…).
Organigramme de la Préfecture (avec commentaire).
Préfecture et sous-préfectures (Etampes, Palaiseau) :
- Monsieur Alain Zabulon, Préfet délégué à l’Egalité des chances, Monsieur Gérard Moisselin, Préfet représentant de l’Etat, le Secrétaire Général  et le Directeur de cabinet (Sous-préfets également) et les deux sous-préfets de Palaiseau et d’Etampes.
Grosse préoccupation de sécurité (plans Seveso) avec la gestion particulière des plans de protection civile.
- Différentes directions rattachées au SG de la préfecture :
. la Direction de la cohésion sociale (circulation automobile, logement(s), intégration et naturalisation),
. la Direction de la coordination interministérielle (avec beaucoup de sujets d’Environnement et d’Ecologie), comprenant le bureau d’action économique (exemple : création des grandes surfaces, des hôtels), le bureau de la coordination des autres services de l’Etat, le bureau des finances de l’Etat,
. la Direction de l’Identité et de la Nationalité,
. la Direction des relations avec les collectivités locales (avec le contrôle des collectivités et des décisions, surtout en termes d’aménagement du territoire, de finances locales par exemple ou d’intercommunalité, ou d’élections),
.  la Direction de la logistique gérant les ressources humaines et les moyens.
- La Préfecture déléguée à l’Egalité des Chances : (6 en France). Installé par le président de la république dans les départements les plus difficiles en terme de cohésion sociale et de solidarité. Partie NE du département :  concentration du logement social avec des quartiers fragiles sur lesquels il faut agir (Tarterêts, Grande Borne…) de manière globale (emploi, école, logement) pour corriger des déséquilibres. Exemple d’activités et d’attributions : bureau du logement qui essaie d’attribuer des logements sociaux à des personnes mal logées (23 000 demandes) avec une politique de rattrapage accélérée, de rénovation des quartiers dégradés en installant un urbanisme de meilleure qualité (1,3 Md à l’échéance de 2013) ; l’école : en direction d’établissements scolaires qui accueillent une population souvent en échec scolaire, avec des actions en direction d’élèves en difficulté, et d’égalité des chances (que les bons élèves puissent avoir la possibilité d’accéder au niveau d’enseignement plutôt réservé aux populations plus aisées). C’est accompagner les élèves les plus méritants vers les Grandes écoles.
 Le Préfet :
Nommé par décret du Président de la République en Conseil des ministres. Représentant de l’ensemble des membres du gouvernement et Directeur de l’action de leurs services, afin de leur donner de la cohérence et de la cohésion.
Pas de capacité de protestation, car le Préfet applique la décision de l’Etat ; il peut faire remonter des interrogations et signaler les « réactions » du pays à certaines décisions, dont certaines peuvent être impopulaires.
Discussion :
- Sur les logements sociaux et la rénovation des quartiers. Un certain nombre d’élèves sont en effet des Tarterêts…
- Question sur la stigmatisation des jeunes de cités ; y a-t-il une vraie politique d’intégration ? La réponse tient essentiellement à l’évolution de la démographie et aux demandes très fortes de la part des chefs d’entreprise ; faire en sorte que les entreprises et les quartiers se rencontrent, par le biais de Conventions avec les branches professionnelles (« nos quartiers ont des talents »). C’est vrai aussi pour le secteur public qu’il faut renouveler aussi. S’ouvrir à la diversité à tous les niveaux.
- Question sur le rapport démographique entre «  retraitables » et jeunes accédant à l’emploi.
- Question sur la naturalisation des personnes d’origine étrangère. Procédures longues et minutieuses, mais 1500 naturalisations  par décret/an dans ce département.
- Question sur le civisme et sur la participation au devoir électoral. Sensibilisation des mairies aux inscriptions sur les listes électorales…Information sur les droits et les devoirs, mais neutralité politique de la Préfecture.
- Question sur : « Comment devient-on Préfet » ?
Soit itinéraire linéaire (ENA), soit autres administrations ou parcours politiques. Le corps des Préfets est donc assez divers.
 Le Préfet accueille ensuite les élèves dans son bureau et échange avec quelques uns d’entre eux. Grande courtoisie et compréhension fine des enjeux qui se posent à la jeunesse aujourd’hui, surtout ceux issus des quartiers difficiles.



mardi 25 mars 2008

Semaine de la presse au CDI 17-22 mars 2008

A l'occasion de la semaine de la presse, les professeurs documentalistes ont réalisé un kiosque avec les divers journaux, magazines et revues reçus ces derniers jours. Ainsi vous avez pu découvrir des périodiques auxquels le CDI n'est pas abonné, tels que Le Parisien, Glamour, L'Ecologiste....

Par ailleurs des classes sont venues travailler au CDI avec leurs professeurs (français, lettres-histoire) et les professeurs documentalistes.

Quelques exemples de séances autour de la presse et des médias:

- les 202 : à partir d'un questionnaire les élèves ont découvert les spécificités d'un magazine ou d'une revue. Ils ont également travaillé sur la comparaison des unes de plusieurs journaux d'un même jour afin de percevoir la pluralité de la presse et de définir la ligne éditoriale propre à chaque organe de presse.

- Les BTS AD 1: ont également travaillé sur la comparaison des unes de journaux d'une même journée.

- Les TCG : Une approche de la presse en général.

Tout au long de l'année, en ECJS un professeur d'histoire-géographie et un professeur documentaliste ont réalisé une séquence sur la presse avec trois classes.
- 1S2 ET 1S3: travail sur la une;lors de la semaine de la presse les élèves ont comparé la une papier avec la une d'un JT ou d'un journal radiophonique (en podcast) et réaliser un exposé.
- 214: travail sur le traitement d'un événement dans la presse. Lors de la semaine de la presse les élèves ont analysé la structure d'un article de presse (maquette, faits, commentaires) et recherché 2 articles sur Europresse par rapport à un fait d'actualité (les élections, les jeux olympiques, l'indépendance du Kosovo).
A.B et S.J

vendredi 21 mars 2008

Les mardis de Doisneau

Le mardi 18 mars
13h à 15h
Mr le Rabbin Serfaty doit nous parler du dialogue entre les religions
Mardi 8 avril
13h à 15h
Une conférence d'Ahmed Djebbar sur les mathématiques et le monde arabe, ou lâge d'or de la science arabe
Mardi 20 mai
13h à 15h
Une conférence sur l'énergie et le développement durable
Sont convoqués tous les élèves de la Prépa Sciences Po des classes de Première et de Terminale, les délégués des classes Terminales.
Sont invités les professeurs disponibles à ce moment là, et une classe par conférence qui serait intéressée par le thème.

mercredi 19 mars 2008

Prix inter-lycées

La classe de 204 est engagée cette année pour représenter le lycée au
prix inter-lycées.


Ce concours est organisé chaque année par les professeurs documentalistes de 5 lycées du secteur (Evry, Courcouronnes, Mennecy). Il s'agit d'un concours de lecture ciblé sur les qualités de communication des élèves.

Les élèves ont lu au cours de l'année 3 livres (romans, BD, témoignages...) parmi une sélection.
Au cours de deux demi-finales chaque élève a fait la présentation de son livre "coup de coeur". La classe a voter pour 11 finalistes.
La finale a eu lieu le 22 février au CDI pour élire les 3 meilleures prestations pour représenter l'établissement. Le jury était composé des élèves de la classe, de leurs professeurs de français et de SVT, et de deux professeurs documentalistes.
Les finalistes, Tomoko Y., Louisa G. et Rudie D., ont convaincu le jury par la présentation originale et personnelle de leur lecture.
Elle se sont rendues au lycée G. Brassens de Courcouronnes pour filmer la présentation de leur livre où elles se sont démarquées par la qualité de leur prestation.
La classe visionnera enfin le film des passages des élèves des différents établissements afin d'élire le meilleur.

samedi 15 mars 2008

Exposition sur la biodiversité


Au CDI jusqu'à la fin du mois de mars, une magnifique exposition des photos de Yann Artus Bertrand sur le thème de la biodiversité.
Un livret pédagogique est disponible et des documents sont consultables sur le site:
S.J

Semaine de la presse au CDI à partir de lundi 17 mars


La presse fête sa semaine au mois de mars, comme tous les ans. Des classes travaillent déjà avec leur professeur et nos collègues Sandrine Joubin et Audrey Borg sur ce sujet.
Vous pourrez consulter au CDI de nombreux journaux auxquels nous ne sommes pas abonnés, et toute demande d'activité sur le sujet sera bienvenue.
Le dossier pédagogique est consultable au CDI

Chapitre 4 : De l’Islam, une pratique paisible et simple


…De l’Islam, j’avais en mémoire la mosquée d’Agadez. Sans doute parce que, un matin de juin, le minaret avait émergé de l’ombre et s’était nimbé de lumière rose dans l’encadrement d’une fenêtre à motifs mauresques. L’édifice semblait de guingois, hérissé de pieux saisis dans la masse des murs, mais d’allure très ancienne, étroite dans l’air pur. Des hirondelles virevoltaient en criant dans le cône d’ombre.
Plus tard j’avais pu gravir l’escalier étroit de la tour et déboucher sur le trou d’homme qui sert de garde corps, tout en haut. Le maillage serré des quartiers s’étendait autour, ocre, horizontal, et sur l’horizon se détachaient la ligne plus sombre des palmeraies d’Azel et les contreforts de l’Aïr. Le palais du sultan, à trois étages pourtant, semblait enfoui dans le labyrinthe des cases, des ruelles et des cours de concessions.
Dans les salles basses, contrebutées d’énormes piliers en terre j’avais pu converser avec les « anciens » des quartiers. Nous parlions de la conservation et de la transmission de l’histoire d’Agadez, récemment inscrite au Patrimoine mondial. Les enjeux étaient sans doute importants pour ces chefs de communautés, qui décelaient l’engouement touristique des populations du « nord », mais leur parole était mesurée, l’écoute attentive. Je tentais de saisir l’essentiel de l’échange, sans tout comprendre de ce que le traducteur disait, mais ému de leur confiance et de leur retenue, dans ce le lieu saint qui nous invitait à dire « vrai ». Adossés aux murs colossaux, la fraîcheur et l’ombre facilitaient la méditation. Nous étions pieds nus sur un sable très fin. Près de la voûte, un lucarneau ouvrait sur un ciel bleu de prusse.
Plus tard encore, dans la vieille ville je m’étais assis près d’un groupe d’enfants qui récitaient des sourates à toute allure en déchiffrant des tablettes aux caractères estompés.
La plupart de ces élèves quitteront l’école coranique en sachant réciter un certain nombre de passages du livre Saint. Ils auront aussi appris à lire l’arabe, mais resteront incapables de l’écrire. Dans un pays où les langues sont multiples (Haoussa, Tamachek, Zerma, Foufouldé…) le Coran est appris, en arabe, de manière mnémotechnique et mécanique. Dès lors on peut s’interroger sur la compréhension du dogme ….Là le maître était sévère et agitait une baguette qui sifflait dans l’air à la moindre faute. Les passants se pressaient. Le bourdonnement des prières se faisait plus fort.

A un autre moment j’avais rencontré du côté de Filingué (ouest du Niger) un groupe de Soufis, rassemblés pour un deuil. Ils m’avaient emmené dans un campement proche et avaient sorti leurs livres et leur généalogie, qui, disaient-ils, remontait jusqu’au prophète. Leurs yeux brillaient en portant de grands livres imprimés, reliés de cuir et ficelés en croix avec des lanières de cuir.
Toute la famille s’était regroupée et insistait pour feuilleter les pages. Dans le paysage de brousse herbeuse, ouverte au grand soleil, la société du livre faisait irruption. Beaucoup de noblesse dans la prise de parole et le jeu des questions-réponses. Les enfants étaient collés contre leurs pères et écoutaient, les yeux étincelants, cette rencontre d’adultes autour des ouvrages anciens sur lesquels ils reconnaissaient les lettres de l’alphabet arabe…


Le soufisme représente la dimension mystique de l’Islam (la vraie connaissance religieuse est obtenue par une expérience personnelle, aboutissant à une union momentanée avec Dieu) et l’une des plus importantes traditions de l’ésotérisme musulman. Selon la tradition, les ancêtres spirituels du soufisme se trouvaient parmi les Compagnons de Mahomet.
L’Islam, pour moi, c’était aussi Niamey, aux heures de fin de nuit et en fin d’après-midi. Je m’arrêtais dans mes tâches pour écouter le muezzin du quartier de Château I, magnifique chanteur dont la seule voix apportait la certitude de débuter et de finir le jour en toute quiétude. La ligne mélodique du chant se déployait sans rupture sur tout le quartier, devenu soudain plus calme, attentif à l’appel.


Je passais aussi parfois devant la grande mosquée, au dôme de tuiles vernissées et vertes, devant laquelle s’étendait une vaste esplanade. Le vendredi des centaines de fidèles venaient y prier. Tout à coup c’était comme une bulle de silence sur la ville. La circulation devenait lointaine. Les appels à la prière rayaient le ciel embrumé de poussière de sable. Rose comme de coutume.

En pays Songhay, ce sont les petits édifices qui bordent la piste qui attirent l’œil. Cubes de banco surmontés d’un pan de mur un peu plus haut que les autres, armé d’un croissant et d’une étoile peints en jaune, ou en vert et blanc. D’évidence les salles de prière ne sont pas assez vastes pour accueillir tous les fidèles et l’espace proche est balayé, délimité par des troncs d’arbre ou des pierres. On y dépose des nattes et de vieux tapis. Sur les façades un bandeau vert souligne l’existence du lieu de prière.

Pour tout le monde, les Songhay paraissent entièrement islamisés : leurs vêtements, leur droit, l’organisation des journées sont soumis aux règles de l’Islam. Les hommes qui ne se soumettent pas aux cinq prières de la journée sont rares. On y observe le jeune du Ramadan, le sacrifice du mouton à la Tabaski. On traite avec respect les quelques El Hadj qui ont fait le pèlerinage à La Mecque.

Pourtant, l’Islam n’est qu’une conviction plus ou moins profonde. Jean Rouch écrit que « depuis le XI ème siècle, date probable de la première « conversion » des Songhay, l’Islam s’est heurté à cette faculté d’assimilation et de fidélité aux coutumes qui est le trait caractéristique de la mentalité Songhay : il a moins effacé les anciennes croyances qu’il ne leur a apporté d’éléments nouveaux ». Cependant l’apport de l’Islam est incontestable : l’ancien testament, la philosophie orientale et les éléments de l’occultisme arabe. Si les musulmans orthodoxes ou traditionalistes sont une minorité, la métaphysique Songhay a été profondément marquée par l’Islam. Sans doute les Songhay sont-ils plus préoccupés du temporel que de l’éternel, de leur vie de tous les jours que de leur existence dans l’au-delà.

L’Islam fournit aisément l’assurance de la béatitude éternelle : il suffit de prier régulièrement, de jeûner et de respecter quelques rites (baptême, mariage, enterrement), pour devenir un élu, un alzana. Mais en dehors de cela les hommes s’adressent pour les affaires quotidiennes à des esprits, des divinités ou des principes plus accessibles. Dieu est le créateur du monde, c’est « le maître » et, de ce fait, hors d’atteinte. Il est plus simple de traiter avec les Zin (djinn) qui résident, invisibles, dans un certain nombre d’endroits remarquables (arbre, rocher, montagne, rivière…). La tradition demande aussi d’appeler les génies (Holey), véritables « moniteurs » de la terre, des eaux et du ciel, pour régler les petits différends des hommes, plutôt que déranger le Tout Puissant…

Lorsqu’on marche en brousse, il n’est pas rare de découvrir, dans les endroits les plus reculés ou les plus déserts de petits quadrilatères entourés de cailloux et bien nettoyés des brindilles ou des débris apportés par le vent. Une encoche dans le dessin évoque le mirhab, petite niche qui indique la direction de la Mecque. Définition humble et nue d’un domaine de foi et de prière, anonyme, loin de tout, et tellement sincère.

A l’heure de la prière, les hommes s’arrêtent, font leurs ablutions –avec du sable propre lorsque l’eau est trop rare- et vont prier un peu à l’écart, avec une grande concentration.

Dans ce pays la pratique de l’Islam est paisible, aisée et simple.
Jean Louis Dodeman