Jean Rouch est mort au Niger, le 18 février 2004, sur cette terre où il avait tenté, au travers de ses films et de ses écrits, de comprendre la cosmogonie, les mythes et les rituels Songhay, par intérêt personnel d’abord dans la mesure où il était intéressé par l’Afrique et ensuite au nom du Musée de l’Homme de Paris.
Fasciné par le cinéma engagé et vivant, il a révélé les relations particulières que les Songhay entretiennent avec les « esprits » et « le monde naturel », démontrant les hiérarchies d’autorité cachées et des relations au monde marquées par la « magie ». Ses amis nigériens l’appelaient le « grand Sorko blanc », se référant à sa connaissance des pêcheurs du fleuve et à son initiation aux mystères, aux esprits et chimères de l’eau. Ses films en témoignent, il n’a pas cessé de rechercher sous les apparences les ressorts de cette société mal connue. L’œil de la caméra lui a permis d’être au cœur d’un cinéma vérité qui, depuis, a fait école.
Il est mort sur la route de Tahoua, près de la bourgade de Birnin N’Koni, là où les « génies », ceux qui parlent au nom des puissances invisibles, lui avaient interdit d’aller… « Jamais à l’est de Niamey, là tu rencontreras la mort », lui avaient-ils dit.
Invité par le Centre Culturel Franco-Nigérien de Niamey à présider une rétrospective du cinéma ethnologique africain il se rendit, en cette occasion, à Tahoua (vers l’est donc) pour visiter le nouveau studio d’animation édifié par son ami le réalisateur Moustapha Alassane. Il trouva la mort dans un accident de la route, la vieille Mercédès de son ami percutant un camion arrêté sur le bord de la route, sans signalisation aucune. Il fut le seul à mourir dans l’accident, son épouse et le chauffeur s’en sortant sans trop de mal.
La communauté nigérienne des artistes et des savants fut atterrée de perdre l’un de ses plus anciens amis. Après les honneurs officiels rendus par son pays d’adoption et la France, il fut enterré dans le vieux cimetière colonial français de Niamey. Ses amis étaient là, jouant du Godyé, pleurant, invoquant les esprits.
Pour lui rendre hommage les étudiants de l’Ecole de Journalisme de Niamey (IFTIC) et les membres de l’association de défense et de promotion de la culture Songhay (Zanka-Faba) ont alors voulu montrer l’actualité du regard porté par Jean Rouch sur la société Songhay. Deux courts métrages furent réalisés dans les villages qui avaient reçu la visite de Jean Rouch en 1946. Ils démontrèrent la permanence des magies et des rituels dans le Niger d'aujourd'hui.
Mieux, ils cherchèrent à honorer l’âme du défunt en célébrant la cérémonie rituelle du souvenir et de l’hommage aux grands initiés. Les pêcheurs Sorkos d’Ayorou, de Firgoun, de Tillabéri et de toute cette partie du Niger, voulurent sacrifier, comme le veut la tradition, un hippopotame mâle en mémoire de leur père et frère. L’ancien compagnon de route de J. Rouch, Damouré Zika, sortit de sa retraite et vint sur les bords du fleuve pour participer à l’événement. L’enfant de Firgoun, Moussa Illo, élevé et guidé par Jean Rouch, devenu secrétaire général de l’Association des pêcheurs Sorkos de la région d’Ayorou, parvint à obtenir du gouvernement nigérien l’autorisation de tuer un jeune hippopotame (espèce protégée)…
Musique envoûtante, femmes possédées désignant l’animal qu’il convenait de sacrifier, présentation des harpons à flotteur et des « chasseurs »…le rituel se déroula sous le grand soleil d’Avril. Les basses eaux du fleuve virent le sacrifice, la mort de l’hippopotame et le partage de la viande entre les habitants. Chacun sait désormais que l’âme de l’explorateur est incarnée quelque part, entre les sables, les maisons en banco, les rives du fleuve et le grand ciel d’étain présageant la saison des pluies…
Le voyage a permis de suivre les traces du cinéaste. nous avons retrouvé les fils et les petit-fils de ses amis nigériens qui ont "joué" leur propre vie dans ses films. Un Mémorial sera édifié au bord du fleuve là où il aimait se reposer, sous les tamariniers de Koutougou. Quelques objets y seront rassemblés, des témoignages et sans doute les « Hampis » (vases sacrés du culte des Holeys) utilisés par les grands zimas de son époque, que son fils adoptif, Moussa Illo, recherche avec passion et ténacité.
Jean Rouch est aujourd’hui le grand homme des Songhay.
Fasciné par le cinéma engagé et vivant, il a révélé les relations particulières que les Songhay entretiennent avec les « esprits » et « le monde naturel », démontrant les hiérarchies d’autorité cachées et des relations au monde marquées par la « magie ». Ses amis nigériens l’appelaient le « grand Sorko blanc », se référant à sa connaissance des pêcheurs du fleuve et à son initiation aux mystères, aux esprits et chimères de l’eau. Ses films en témoignent, il n’a pas cessé de rechercher sous les apparences les ressorts de cette société mal connue. L’œil de la caméra lui a permis d’être au cœur d’un cinéma vérité qui, depuis, a fait école.
Il est mort sur la route de Tahoua, près de la bourgade de Birnin N’Koni, là où les « génies », ceux qui parlent au nom des puissances invisibles, lui avaient interdit d’aller… « Jamais à l’est de Niamey, là tu rencontreras la mort », lui avaient-ils dit.
Invité par le Centre Culturel Franco-Nigérien de Niamey à présider une rétrospective du cinéma ethnologique africain il se rendit, en cette occasion, à Tahoua (vers l’est donc) pour visiter le nouveau studio d’animation édifié par son ami le réalisateur Moustapha Alassane. Il trouva la mort dans un accident de la route, la vieille Mercédès de son ami percutant un camion arrêté sur le bord de la route, sans signalisation aucune. Il fut le seul à mourir dans l’accident, son épouse et le chauffeur s’en sortant sans trop de mal.
La communauté nigérienne des artistes et des savants fut atterrée de perdre l’un de ses plus anciens amis. Après les honneurs officiels rendus par son pays d’adoption et la France, il fut enterré dans le vieux cimetière colonial français de Niamey. Ses amis étaient là, jouant du Godyé, pleurant, invoquant les esprits.
Pour lui rendre hommage les étudiants de l’Ecole de Journalisme de Niamey (IFTIC) et les membres de l’association de défense et de promotion de la culture Songhay (Zanka-Faba) ont alors voulu montrer l’actualité du regard porté par Jean Rouch sur la société Songhay. Deux courts métrages furent réalisés dans les villages qui avaient reçu la visite de Jean Rouch en 1946. Ils démontrèrent la permanence des magies et des rituels dans le Niger d'aujourd'hui.
Mieux, ils cherchèrent à honorer l’âme du défunt en célébrant la cérémonie rituelle du souvenir et de l’hommage aux grands initiés. Les pêcheurs Sorkos d’Ayorou, de Firgoun, de Tillabéri et de toute cette partie du Niger, voulurent sacrifier, comme le veut la tradition, un hippopotame mâle en mémoire de leur père et frère. L’ancien compagnon de route de J. Rouch, Damouré Zika, sortit de sa retraite et vint sur les bords du fleuve pour participer à l’événement. L’enfant de Firgoun, Moussa Illo, élevé et guidé par Jean Rouch, devenu secrétaire général de l’Association des pêcheurs Sorkos de la région d’Ayorou, parvint à obtenir du gouvernement nigérien l’autorisation de tuer un jeune hippopotame (espèce protégée)…
Musique envoûtante, femmes possédées désignant l’animal qu’il convenait de sacrifier, présentation des harpons à flotteur et des « chasseurs »…le rituel se déroula sous le grand soleil d’Avril. Les basses eaux du fleuve virent le sacrifice, la mort de l’hippopotame et le partage de la viande entre les habitants. Chacun sait désormais que l’âme de l’explorateur est incarnée quelque part, entre les sables, les maisons en banco, les rives du fleuve et le grand ciel d’étain présageant la saison des pluies…
Le voyage a permis de suivre les traces du cinéaste. nous avons retrouvé les fils et les petit-fils de ses amis nigériens qui ont "joué" leur propre vie dans ses films. Un Mémorial sera édifié au bord du fleuve là où il aimait se reposer, sous les tamariniers de Koutougou. Quelques objets y seront rassemblés, des témoignages et sans doute les « Hampis » (vases sacrés du culte des Holeys) utilisés par les grands zimas de son époque, que son fils adoptif, Moussa Illo, recherche avec passion et ténacité.
Jean Rouch est aujourd’hui le grand homme des Songhay.
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