Une page se tourne, retrouvez-nous sur le nouveau site du lycée ! À très bientôt.
Nous laissons ce blog avec toutes ses archives pour tous ceux qui ont partagé ces moments culturels passionnants.
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vendredi 9 octobre 2015
lundi 4 mai 2015
Course du cœur - Exposition au CDI
Depuis 1990, au lycée Doisneau, la
dernière semaine d'avril est consacrée à la solidarité. Depuis
quelques années, la course du cœur invite les élèves du lycée à rallier
symboliquement Madagascar au bénéfice de
l'association Écoles du Monde.
Cette année, pour accompagner cet
événement sportif, le CDI s'est lui aussi mis à l'heure de la
solidarité. Nous avons choisi de mettre l'accent sur l'eau, puisque
bien souvent l'action humanitaire commence par la construction de
puits afin de garantir un accès rapide et sûr à cet élément
indispensable à la vie.
- l'exposition « L'eau pour tous, tous pour l'eau » réalisée par la Casden
- des photographies sur les usages de l'eau dans le monde
- une présentation des actions de l'association Écoles du Monde à Madagascar
L'objectif était de présenter les
enjeux géographiques et sociaux liés au partage de l'eau :
agriculture, pollution, maladies, changement climatique... C'était
l'occasion de faire se rencontrer SVT et géographies, de faire
prendre conscience des inégalités d'accès et de l'importance de
prendre soin de l'eau. Pour faciliter la visite, l'exposition
s'accompagnait d'un questionnaire à destination des élèves.
Sous le soleil de plomb du mois
d'avril, les élèves n'ont pas réussi, à moins de 100 kilomètres
près, à franchir les 8390 kilomètres qui séparent
Corbeil-Essonnes et Madagascar dès le mardi 14 avril. Mais, en
attendant, tout le monde pouvait se rafraîchir au CDI.
Pour en savoir plus :
- le site de l'association Écoles du Monde
- l'exposition L'eau pour tous, tous pour l'eau
samedi 18 avril 2015
#Dysturb au lycée
Double actualité pour ce Mardi de Doisneau du 24 mars puisque c'est la semaine de la presse et des médias dans tous les établissements scolaires, tandis que sur Corbeil-Essonnes commence le festival l'Oeil Urbain, un festival photographique qui se tient jusqu'au 17 mai.
Pour l'occasion, la classe de 213 a reçu l'équipe de #Dysturb qui fait partie des invités du Festival.
#Dysturb est un collectif de photojournalistes qui s'est donné pour objectif de faire redescendre dans la rue la photographie de presse afin que les passants soient interpellés, dérangés (d'où leur nom). Depuis, leurs photos essaiment un peu partout dans le monde. Après son passage au lycée Robert Doisneau, #Dysturb s'est envolé pour Melbourne et New-York. Les collages de #Dysturb accordent une grande place à l'actualité internationale, peu mise en avant par les médias français. Les photos sont systématiquement accompagnées d'une légende qui précise le contexte, de la signature du photographe et du logo du collectif.
La rencontre a commencé par le constat que peu d'élèves étaient abonnés à la presse écrite. Ce sont la télévision et Internet qui sont les principales sources d'information des élèves avec, dans le même temps, un fort sentiment de méfiance vis-à-vis de ce qui est diffusé. Benjamin Girette et Capucine Granier-Deferre, deux des fondateurs du collectif, ont insisté sur le fait qu'il ne fallait pas tout prendre pour argent comptant et que le lecteur devait comparer différentes sources d'information pour pouvoir se faire sa propre idée. En règle générale, ceux qui défendent une « théorie du complot » refusent de donner des arguments et de se confronter aux journalistes qui ont été sur le terrain et qui eux racontent ce qu'ils ont réellement vu.
Capucine Granier-Deferre raconte alors son expérience en Ukraine au cours du conflit qui oppose depuis 2013 ce pays à la Russie. Pour résister à la propagande exercée des deux côtés, il est nécessaire d'aller sur place et de se confronter aux témoignages. Néanmoins, regarder le traitement d'une même actualité par Russia Today et CNN est aussi très intéressant pour observer l'écart entre les versions. En France, heureusement, il n'existe pas de chaîne de propagande comme cela peut exister dans d'autres pays (Fox News, Russia Today, etc.). Le problème majeur qui se pose, c'est le fait que les chaînes d'information en continu ont tendance à étirer les commentaires sur l'actualité instantanée, autrement dit à faire de la non-information, plutôt que d'insister sur le contexte des faits pour qu'ils puissent être mieux compris par le public.
Le milieu du journalisme français est très petit : le moindre montage qui transforme une image ou la moindre manipulation fait rapidement le tour des professionnels et met à mal la crédibilité du journaliste qui s'y est prêté. C'est pour cela qu'en tant que photojournalistes, tout le monde est très attentif à corriger rapidement les erreurs de légende qui se produisent parfois.
La dernière question évoquée est celle des conditions financières des journalistes. Alors que les frais de séjour peuvent être importants, une photographie de guerre se vend auprès des journaux pour quelques centaines d'euros quand dans le même temps les photos people peuvent rapporter beaucoup, beaucoup plus aux paparazzi. Mais le besoin d'informer sur ce qui se passe à travers le globe est plus fort que l'envie de gagner beaucoup d'argent pour un travail peu intéressant...
Après cette discussion, les élèves de 213 ont aidé #Dysturb à coller une grande photographie (3 mètres de haut pour 4 mètres de large) sur le mur du gymnase. Cette photo a été prise par Pierre Terdjman, un des fondateurs de #Dysturb. Elle représente « un chrétien centrafricain [qui] attend d'être soigné après avoir été blessé lors d'affrontements entre anti balakas et sélékas dans le quartier nord de Bangui ». La photographie est toujours visible, comme d'ailleurs les autres photos affichées un peu partout dans Corbeil-Essonnes.
De grands remerciements à toute l'équipe de #Dysturb pour leur gentillesse et leur réactivité face aux élèves, à Sindy Duarte de la Mairie de Corbeil-Essonnes pour sa collaboration, à Lionel Antoni du festival l'Oeil Urbain, aux élèves de 213 qui se sont prêtés au jeu et à leurs enseignantes, Séverine Mouret et Sybille Fouilland.
Pour plus d'informations :
- Le site de #Dysturb : www.dysturb.com
- Le site du Festival l'Oeil Urbain : www.loeilurbain.fr
Pour l'occasion, la classe de 213 a reçu l'équipe de #Dysturb qui fait partie des invités du Festival.
#Dysturb s'installe à Corbeil-Essonnes pour l'Oeil Urbain photographie de Lionel Antoni |
#Dysturb est un collectif de photojournalistes qui s'est donné pour objectif de faire redescendre dans la rue la photographie de presse afin que les passants soient interpellés, dérangés (d'où leur nom). Depuis, leurs photos essaiment un peu partout dans le monde. Après son passage au lycée Robert Doisneau, #Dysturb s'est envolé pour Melbourne et New-York. Les collages de #Dysturb accordent une grande place à l'actualité internationale, peu mise en avant par les médias français. Les photos sont systématiquement accompagnées d'une légende qui précise le contexte, de la signature du photographe et du logo du collectif.
Les élèves de 213 et #Dysturb Photographie de Capucine Bailly |
La rencontre a commencé par le constat que peu d'élèves étaient abonnés à la presse écrite. Ce sont la télévision et Internet qui sont les principales sources d'information des élèves avec, dans le même temps, un fort sentiment de méfiance vis-à-vis de ce qui est diffusé. Benjamin Girette et Capucine Granier-Deferre, deux des fondateurs du collectif, ont insisté sur le fait qu'il ne fallait pas tout prendre pour argent comptant et que le lecteur devait comparer différentes sources d'information pour pouvoir se faire sa propre idée. En règle générale, ceux qui défendent une « théorie du complot » refusent de donner des arguments et de se confronter aux journalistes qui ont été sur le terrain et qui eux racontent ce qu'ils ont réellement vu.
Capucine Granier-Deferre raconte alors son expérience en Ukraine au cours du conflit qui oppose depuis 2013 ce pays à la Russie. Pour résister à la propagande exercée des deux côtés, il est nécessaire d'aller sur place et de se confronter aux témoignages. Néanmoins, regarder le traitement d'une même actualité par Russia Today et CNN est aussi très intéressant pour observer l'écart entre les versions. En France, heureusement, il n'existe pas de chaîne de propagande comme cela peut exister dans d'autres pays (Fox News, Russia Today, etc.). Le problème majeur qui se pose, c'est le fait que les chaînes d'information en continu ont tendance à étirer les commentaires sur l'actualité instantanée, autrement dit à faire de la non-information, plutôt que d'insister sur le contexte des faits pour qu'ils puissent être mieux compris par le public.
Une partie de l'équipe de #Dysturb accompagnée par Lionel Antoni de l'Oeil Urbain |
Le milieu du journalisme français est très petit : le moindre montage qui transforme une image ou la moindre manipulation fait rapidement le tour des professionnels et met à mal la crédibilité du journaliste qui s'y est prêté. C'est pour cela qu'en tant que photojournalistes, tout le monde est très attentif à corriger rapidement les erreurs de légende qui se produisent parfois.
La dernière question évoquée est celle des conditions financières des journalistes. Alors que les frais de séjour peuvent être importants, une photographie de guerre se vend auprès des journaux pour quelques centaines d'euros quand dans le même temps les photos people peuvent rapporter beaucoup, beaucoup plus aux paparazzi. Mais le besoin d'informer sur ce qui se passe à travers le globe est plus fort que l'envie de gagner beaucoup d'argent pour un travail peu intéressant...
Collage sur le gymnase Photographie de Lionel Antoni |
Après cette discussion, les élèves de 213 ont aidé #Dysturb à coller une grande photographie (3 mètres de haut pour 4 mètres de large) sur le mur du gymnase. Cette photo a été prise par Pierre Terdjman, un des fondateurs de #Dysturb. Elle représente « un chrétien centrafricain [qui] attend d'être soigné après avoir été blessé lors d'affrontements entre anti balakas et sélékas dans le quartier nord de Bangui ». La photographie est toujours visible, comme d'ailleurs les autres photos affichées un peu partout dans Corbeil-Essonnes.
La photographie, toujours visible au gymnase |
Pour plus d'informations :
- Le site de #Dysturb : www.dysturb.com
- Le site du Festival l'Oeil Urbain : www.loeilurbain.fr
vendredi 20 mars 2015
Exposition contre le racisme
Le CDI accueille depuis un mois une exposition d'affiches issues du travail de la 203 en Littérature et Société.
Campagne contre le racisme : les élèves s'affichent !
Les élèves de 203 ont réfléchi, dans le cadre de leur
cours de "littérature & société" au pouvoir de l'image et des
mots, à travers notamment l'étude de campagnes publicitaires actuelles et plus
anciennes, comme par exemple les campagnes Benetton. Ils ont tenté de répondre
à ces questions :
Comment décrypter une image ? Faut-il choquer ? Amuser ?
Qu'exprime un slogan ? Un logo ? Comment viser un public particulier ?
Leur campagne d'affichage est une tentative de réponse à
ces questions, vous pourrez voir leurs productions au CDI ou encore dans les
bureaux de nos CPE. N'hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez !
Pierre Néri et Florence Meyeres
vendredi 6 mars 2015
Journée du livre politique à l'Assemblée Nationale
La 24e journée du livre politique, qui se tient tous les ans à l'Assemblée Nationale, avait cette année pour sujet "Rassembler la France". Ce thème avait été choisi depuis plusieurs mois, mais il résonne bien évidemment particulièrement dans la triste actualité de ces dernières semaines. L'Assemblée Nationale avait d'ailleurs exposé pour l'occasion de nombreuses unes de Charlie Hebdo.
Le thème a d'abord été illustré par la lecture de deux extraits de textes par Denis Podalydès : le Traité sur la tolérance, écrit par Voltaire au moment de l'Affaire Calas, et Les Misérables de Victor Hugo.
Ensuite, Jean-Louis Bianco, président de l'Observatoire de la Laïcité, a rappelé que la laïcité est devenu une sorte de lieu commun du débat public, sans que son sens et ses enjeux soient bien maîtrisés. Il est important de se souvenir que la laïcité ne peut pas régler tous les problèmes, en particulier sociaux. Son rôle est d'être le socle du vivre-ensemble, qui permet la liberté de croire ou de ne pas croire et pose l'égalité comme fondement et la fraternité comme règle.
La première table ronde visait à traiter ensemble de quatre enjeux forts pour la France d'aujourd'hui : nation, identités, territoires et sécurité. La table ronde s'appuyait sur une citation d'Ernest Renan : « Ce qui constitue une nation, ce n'est pas de parler la même langue, ou d'appartenir à un groupe ethnographique commun, c'est d'avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l'avenir ».
Alain Bauer, criminologue, a estimé que la France était complice des attentats des 7, 8 et 9 janvier dernier : parce que celle-ci a pris de mauvaises décisions dans les années 1970, parce qu'elle avait laissé les citoyens vivre les uns à côté des autres et enfin parce que l'inculture générale fait que l'on parle des choses sans les comprendre. Hervé Le Bras, démographe, s'est lancé dans un plaidoyer contre les statistiques ethniques et s'est inquiété de la réforme territoriale qui réveille les revendications régionalistes. Jérome Chartier, député UMP du Val-d'Oise, a défendu l'idée selon laquelle l'intégration passait d'abord par l'école et le travail. Christophe Caresche, député PS de Paris, s'est interrogé sur la contradiction entraînée par le délitement de nos sociétés ouvertes : faut-il limiter les libertés (par exemple religieuses) afin de préserver notre société libérale ? Pour lui, la solution se trouve au contraire dans l'approfondissement du caractère démocratique et pluraliste de la France. Au cours du débat et de façon impromptue, Fadela Amara, ancienne ministre de François Fillon, s'est inquiétée de l'emploi du terme "intégration" qui renvoie aux origines de ceux qui ne sont jamais tout à fait considérés comme Français : il serait plus judicieux selon elle de parler d'insertion.
La deuxième table ronde portait sur l'actualité de la notion d’État-Providence, dans le cadre des déficits sociaux importants et d'une récurrence des débats sur "l'assistanat" et la "fraude". Bruno Le Roux, député PS de Seine Saint-Denis et président du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, a commencé par rappeler que la République est sociale, selon la constitution de 1958. L'État-Providence est ainsi constitutif, dans le cœur des Français, de la République. Pour lui, la principale réforme à mener est de moins penser en terme d'allocations que d'actions sociales : accompagnement, prévention, etc. Pour Hervé Mariton, député UMP de la Drôme, la protection sociale n'est pas une spécificité française. Les difficultés financières qu'elle rencontre rendent celle-ci non soutenable, ce qui doit nécessairement nous conduire à réduire les prestations et à développer les exigences et les contre-parties.
Dominique Reynié, politologue, rappelle l'origine du terme "État-Providence" : celui-ci a d'abord été employé par les religieux pour moquer le fait que l'État cherche à réguler l'ensemble de la vie des hommes. L'État-Providence est basé sur le principe de la solidarité. Autrement dit, c'est une forme particulière et historique de la solidarité qui a évolué jusqu'à son caractère universel au moment de la création de la CMU en 1999 (Couverture Maladie Universelle, qui s'adresse aux salariés au revenu très modeste). Rien n'interdit donc de penser des évolutions radicales de la Sécurité Sociale afin de la rendre soutenable sur le plan financier et donc transmissible aux générations futures. Il serait par ailleurs intéressant, selon Dominique Reynié, de penser une dimension européenne à la solidarité, alors que la question sociale est très peu abordée au niveau européen.
Afin d'introduire la remise des prix du livre politique, Claude Bartolone, président de l'Assemblée Nationale, est revenu sur le fait que selon lui "l'esprit du 11 janvier" (en référence aux manifestations qui ont fait suite aux attentats) renouait avec l'esprit des Lumières : les clubs, la libre expression, le socle de la République symbolisée par la devise nationale... Le rôle de la politique, c'est de décliner des actions publiques jusque dans les quartiers et de lutter contre tous les ghettos, y compris ceux de riches. La culture, à cet égard a une place importance. Elle doit permettre que la délicatesse ne soit pas réservée à une classe sociale.
Le prix des députés est revenu à Joseph Daniel, spécialiste de la communication politique, pour son livre "La parole présidentielle : de la geste gaullienne à la frénésie médiatique". Ce livre est à la fois un livre d'histoire, qui raconte la vie de la Ve République du point de vue des présidents, et une réflexion sur les transformations introduites par les nouveaux outils technologiques et la place de plus en plus importante de médias lancés dans une course de vitesse. Joseph Daniel s'interroge notamment sur le fait de savoir si c'est encore le politique qui possède le pouvoir.
Le prix du livre politique a été remis à "Les Chirac : les secrets du clan" écrit par Béatrice Gurrey, chef du service grands reporters au Monde. Ce livre insiste notamment sur la place prépondérante du cercle familial autour de Jacques Chirac et sur la fin du pouvoir d'un homme qui n'a vécu que pour le conquérir.
Un grand merci à l'association Lire la société qui organise cette journée. Vous pouvez d'ailleurs consulter leur page consacrée à cette édition.
Illustrations :
- 24ème journée du livre politique - Fondapol (236) par François Daburon. Licence creative commons CC by-nc-sa 2.0
- 24ème journée du livre politique - Fondapol (29) par François Daburon. Licence creative commons CC by-nc-sa 2.0
La remise des prix en vidéo
Il a fallu se lever de bon matin et supporter le froid pour pouvoir entrer dans l'Assemblée Nationale |
Le thème a d'abord été illustré par la lecture de deux extraits de textes par Denis Podalydès : le Traité sur la tolérance, écrit par Voltaire au moment de l'Affaire Calas, et Les Misérables de Victor Hugo.
Ensuite, Jean-Louis Bianco, président de l'Observatoire de la Laïcité, a rappelé que la laïcité est devenu une sorte de lieu commun du débat public, sans que son sens et ses enjeux soient bien maîtrisés. Il est important de se souvenir que la laïcité ne peut pas régler tous les problèmes, en particulier sociaux. Son rôle est d'être le socle du vivre-ensemble, qui permet la liberté de croire ou de ne pas croire et pose l'égalité comme fondement et la fraternité comme règle.
La journée se déroulait sous les dorures du Palais Bourbon |
La première table ronde visait à traiter ensemble de quatre enjeux forts pour la France d'aujourd'hui : nation, identités, territoires et sécurité. La table ronde s'appuyait sur une citation d'Ernest Renan : « Ce qui constitue une nation, ce n'est pas de parler la même langue, ou d'appartenir à un groupe ethnographique commun, c'est d'avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l'avenir ».
Alain Bauer, criminologue, a estimé que la France était complice des attentats des 7, 8 et 9 janvier dernier : parce que celle-ci a pris de mauvaises décisions dans les années 1970, parce qu'elle avait laissé les citoyens vivre les uns à côté des autres et enfin parce que l'inculture générale fait que l'on parle des choses sans les comprendre. Hervé Le Bras, démographe, s'est lancé dans un plaidoyer contre les statistiques ethniques et s'est inquiété de la réforme territoriale qui réveille les revendications régionalistes. Jérome Chartier, député UMP du Val-d'Oise, a défendu l'idée selon laquelle l'intégration passait d'abord par l'école et le travail. Christophe Caresche, député PS de Paris, s'est interrogé sur la contradiction entraînée par le délitement de nos sociétés ouvertes : faut-il limiter les libertés (par exemple religieuses) afin de préserver notre société libérale ? Pour lui, la solution se trouve au contraire dans l'approfondissement du caractère démocratique et pluraliste de la France. Au cours du débat et de façon impromptue, Fadela Amara, ancienne ministre de François Fillon, s'est inquiétée de l'emploi du terme "intégration" qui renvoie aux origines de ceux qui ne sont jamais tout à fait considérés comme Français : il serait plus judicieux selon elle de parler d'insertion.
Alain Bauer et Jérome Chartier échangeant pendant la table ronde |
Dominique Reynié, politologue, rappelle l'origine du terme "État-Providence" : celui-ci a d'abord été employé par les religieux pour moquer le fait que l'État cherche à réguler l'ensemble de la vie des hommes. L'État-Providence est basé sur le principe de la solidarité. Autrement dit, c'est une forme particulière et historique de la solidarité qui a évolué jusqu'à son caractère universel au moment de la création de la CMU en 1999 (Couverture Maladie Universelle, qui s'adresse aux salariés au revenu très modeste). Rien n'interdit donc de penser des évolutions radicales de la Sécurité Sociale afin de la rendre soutenable sur le plan financier et donc transmissible aux générations futures. Il serait par ailleurs intéressant, selon Dominique Reynié, de penser une dimension européenne à la solidarité, alors que la question sociale est très peu abordée au niveau européen.
Afin d'introduire la remise des prix du livre politique, Claude Bartolone, président de l'Assemblée Nationale, est revenu sur le fait que selon lui "l'esprit du 11 janvier" (en référence aux manifestations qui ont fait suite aux attentats) renouait avec l'esprit des Lumières : les clubs, la libre expression, le socle de la République symbolisée par la devise nationale... Le rôle de la politique, c'est de décliner des actions publiques jusque dans les quartiers et de lutter contre tous les ghettos, y compris ceux de riches. La culture, à cet égard a une place importance. Elle doit permettre que la délicatesse ne soit pas réservée à une classe sociale.
Le prix des députés est revenu à Joseph Daniel, spécialiste de la communication politique, pour son livre "La parole présidentielle : de la geste gaullienne à la frénésie médiatique". Ce livre est à la fois un livre d'histoire, qui raconte la vie de la Ve République du point de vue des présidents, et une réflexion sur les transformations introduites par les nouveaux outils technologiques et la place de plus en plus importante de médias lancés dans une course de vitesse. Joseph Daniel s'interroge notamment sur le fait de savoir si c'est encore le politique qui possède le pouvoir.
Le prix du livre politique a été remis à "Les Chirac : les secrets du clan" écrit par Béatrice Gurrey, chef du service grands reporters au Monde. Ce livre insiste notamment sur la place prépondérante du cercle familial autour de Jacques Chirac et sur la fin du pouvoir d'un homme qui n'a vécu que pour le conquérir.
Dernier coup d’œil sur l'Assemblée et la statue d'Henri François Daguesseau |
Un grand merci à l'association Lire la société qui organise cette journée. Vous pouvez d'ailleurs consulter leur page consacrée à cette édition.
Illustrations :
- 24ème journée du livre politique - Fondapol (236) par François Daburon. Licence creative commons CC by-nc-sa 2.0
- 24ème journée du livre politique - Fondapol (29) par François Daburon. Licence creative commons CC by-nc-sa 2.0
La remise des prix en vidéo
mercredi 4 février 2015
Autour d'Orphée, concert du Paris Mozart Orchestra jeudi 22 janvier 2015
Au programme du concert de cette année, Orfeo de Silvia Colasanti, et Six épigraphes antiques de Claude Debussy. Au pupitre, la chef d'orchestre Claire Gibault, les textes dits par la comédienne Suliane Brahim, pensionnaire de la Comédie Française, et vue récemment dans le film "Libre et assoupi."
Le matin, devant un public intéressé, un moment de répétition publique a donné l'occasion à Claire Gibault d'évoquer les œuvres et la spécificité de chaque instrument de l'orchestre. Sur des extraits des Épigraphes Antiques, une œuvre de Debussy datant de 1914, elle montre comment on peut, à l'aide des instruments évoquer des images ou des impressions, comme la couleur orientale de la musique de l'épigraphe "l’Égyptienne".
Lorsqu'Orphée charme Cerbère avec une lyre, elle explique comment restituer le son de la lyre avec d'autres instruments.
L'ensemble de percussions composé d'un vibraphone, de cymbales, de toms, d'un gong, un carillon une plaque à tonnerre, une grosse caisse, un bâton de pluie, une paire de crotales, était très impressionnant. Cécile, la percussioniste aura aussi l'occasion d'expliquer ses instruments à son public d'élèves curieux, venu exprès à la fin de la répétition, demander des précisions supplémentaires.
Dans le mythe, Orphée obtient le droit de sortir Eurydice des Enfers, en marchant devant elle sur un petit chemin étroit et escarpé. Malgré l'interdiction, il se retourne vers elle et la perd. Une musicienne placée derrière le public fait entendre quelques notes avec son cor, pour obliger le public à se retourner comme Orphée.
La récitante Suliane Brahim |
L'après-midi, le public est revenu pour assister au concert. Les musiciens, tout de noir vêtus, ont joué les œuvres expliquées le matin même. Au mur, le visuel préparé par des élèves de seconde en option audiovisuelle. Et à la voix, sur le texte d'Ovide, une comédienne charismatique qui rendrait passionnant n'importe quel texte, jusqu'à une liste de courses.
Le choeur du lycée dirigée par Corine Campenon et Sylvain Follot, a ensuite donné de la voix avec la chanson d'Orphée de la musique du film Orfeu Negro, brillamment accompagné par les musiciens de l'orchestre.
lundi 2 février 2015
Pollen : Comment la palynologie peut nous aider à comprendre les évolutions du climat ?
C'était le dernier mardi de Doisneau avant le déménagement dans les préfabriqués, et ce jour-là nous avons reçu Nathalie Combarieu-Nebout, directrice de recherche en palynologie qui doit elle-même déménager son laboratoire et passer d'un site à Saclay au laboratoire de paléontologie humaine de Paris dépendant du Muséum d'histoire naturelle. Un total hasard…
Au programme, les pollens… et surtout les informations qu'ils peuvent nous donner sur l'évolution du climat. Mais dans un premier temps quelques précisions s'imposent.
Pour le profane, les pollens, ça fait éternuer, c'est de la poussière jaune sur les sols, les voitures, les balcons et le linge qui sèche : une vraie calamité printanière… Bref, ce n'est pas agréable du tout.
Plus sérieusement, le mot pollen vient du grec "polliné" qui veut dire poudre ou poussière. Les grains de pollen sont les éléments reproducteurs mâles de la plante. Leur taille varie de 5 à 200 microns. Ils fécondent les étamines, qui sont les éléments femelles de la plante.
Suit un exposé d'histoire géologique et naturelle de la Terre. Il n'y a pas toujours eu des plantes sur notre planète. A l'ère primaire, il y avait un monde gris, puis le monde est devenu vert au Carbonifère, avec l'arrivée des fougères arborescentes et des conifères. Et avec eux les pollens. Au Crétacé, apparaissent les plantes à fleurs et le monde devient alors coloré.
Pour déterminer les pollens et dresser une typologie, on se fie à leur taille, leur forme, leurs apertures (la zone où germe le tube pollinique), les sculptures de leur enveloppe. Ainsi on détermine la famille, le genre et l'espèce.
Les pollens sont transportés par différents véhicules. Ceux qui sont transportés par des insectes pollinisateurs, comme les abeilles, sont dits entomophiles. Ceux qui peuvent être transportés par l'eau ou par le vent sont dits anémophiles. Une partie des pollens déplacés atteint sa cible mais les autres se déposent sur les fonds sous-marins et les lacs. Ils nous permettent de reconstituer la végétation d'une époque donnée et donc en déduire le climat. On peut ainsi connaitre l'évolution des paysages d'une même zone au cours du temps.
Pour faire des prélèvements, on peut utiliser différentes méthodes : effectuer des carottages, piéger les pollens grâce à des filtres, aller les chercher sur les roches qui affleurent ou à l'aide de bateaux océanographiques.
Les échantillons prélevés sont nettoyés à l'acide. L'acide n'élimine que les boues car les pollens sont particulièrement résistants. On peut procéder alors à leur comptage au microscope. On obtient pour chaque strate un spectre pollinique, et en superposant les spectres polliniques, on obtient un diagramme pollinique.
Notre invitée nous propose ensuite une étude de cas en Méditerranée, exemple intéressant car les gradients thermiques et de précipitations sont importants, avec des contrastes très prononcés entre les étés très secs et les intersaisons très pluvieuses. De plus, c'est une zone menacée par des événements climatiques extrêmes dans une région à densité de population importante et aux ressources en eau parfois menacées.
Grâce à cette étude, on sait qu'il y a 2 580 000 ans, le climat était sec et frais. On peut également reconstituer les cycles récents qui sont différents. Connaitre l'évolution des cycles peut éventuellement permettre d'anticiper des problèmes, des migrations de populations ou des changements de culture agricole.
La palynologie peut aussi nous donner des informations sur la manière dont l'Homme impacte l'environnement avec les cultures, et peut permettre de dresser une cartographie utile des émissions de pollens pour la médecine et la prévention des allergies (réseau RNSA). En agriculture, à l'INRA (Institut National de Recherche Agronomique), on travaille sur la prévision des récoltes, et aussi sur la mélissopalynologie, à savoir la composition des miels et le repérage des polluants dans les miels. Il est à noter que la palynologie n'intervient pas seule et que la multianalyse de tous ces phénomènes complexes faisant intervenir différentes spécialités est indispensable.
Pour aller plus loin :
- Sur le site Universciences, Delphine Barbier-Pain, également palynologue, présente son travail de recherche.
- Le rôle des abeilles est évidemment très important dans la pollinisation. Pour en savoir plus sur le rôle de ces insectes, vous pouvez trouver au CDI : L'abeille, sentinelle de l'environnement rédigé par Henri Clément et Fabienne Chesnais.
Illustrations :
- Male pines cones par Martin LaBar. Licence Creative Commons cc by-nc 2.0
- Le grain de pollen : un outil microscopique. Extrait du diaporama de Nathalie Combarieu-Nebout
- A happy bee in a crocrus flower pokes his (her ?) head up to say hello to spring par morganglines. Licence Creative Commons cc by-nc-sa 2.0
- Pollen par dan.kristiansen. Licence Creative Commons cc by-nc-nd 2.0
Au programme, les pollens… et surtout les informations qu'ils peuvent nous donner sur l'évolution du climat. Mais dans un premier temps quelques précisions s'imposent.
Pour le profane, les pollens, ça fait éternuer, c'est de la poussière jaune sur les sols, les voitures, les balcons et le linge qui sèche : une vraie calamité printanière… Bref, ce n'est pas agréable du tout.
Plus sérieusement, le mot pollen vient du grec "polliné" qui veut dire poudre ou poussière. Les grains de pollen sont les éléments reproducteurs mâles de la plante. Leur taille varie de 5 à 200 microns. Ils fécondent les étamines, qui sont les éléments femelles de la plante.
Suit un exposé d'histoire géologique et naturelle de la Terre. Il n'y a pas toujours eu des plantes sur notre planète. A l'ère primaire, il y avait un monde gris, puis le monde est devenu vert au Carbonifère, avec l'arrivée des fougères arborescentes et des conifères. Et avec eux les pollens. Au Crétacé, apparaissent les plantes à fleurs et le monde devient alors coloré.
Pour déterminer les pollens et dresser une typologie, on se fie à leur taille, leur forme, leurs apertures (la zone où germe le tube pollinique), les sculptures de leur enveloppe. Ainsi on détermine la famille, le genre et l'espèce.
Les pollens sont transportés par différents véhicules. Ceux qui sont transportés par des insectes pollinisateurs, comme les abeilles, sont dits entomophiles. Ceux qui peuvent être transportés par l'eau ou par le vent sont dits anémophiles. Une partie des pollens déplacés atteint sa cible mais les autres se déposent sur les fonds sous-marins et les lacs. Ils nous permettent de reconstituer la végétation d'une époque donnée et donc en déduire le climat. On peut ainsi connaitre l'évolution des paysages d'une même zone au cours du temps.
Pour faire des prélèvements, on peut utiliser différentes méthodes : effectuer des carottages, piéger les pollens grâce à des filtres, aller les chercher sur les roches qui affleurent ou à l'aide de bateaux océanographiques.
Les échantillons prélevés sont nettoyés à l'acide. L'acide n'élimine que les boues car les pollens sont particulièrement résistants. On peut procéder alors à leur comptage au microscope. On obtient pour chaque strate un spectre pollinique, et en superposant les spectres polliniques, on obtient un diagramme pollinique.
Notre invitée nous propose ensuite une étude de cas en Méditerranée, exemple intéressant car les gradients thermiques et de précipitations sont importants, avec des contrastes très prononcés entre les étés très secs et les intersaisons très pluvieuses. De plus, c'est une zone menacée par des événements climatiques extrêmes dans une région à densité de population importante et aux ressources en eau parfois menacées.
Grâce à cette étude, on sait qu'il y a 2 580 000 ans, le climat était sec et frais. On peut également reconstituer les cycles récents qui sont différents. Connaitre l'évolution des cycles peut éventuellement permettre d'anticiper des problèmes, des migrations de populations ou des changements de culture agricole.
Pour aller plus loin :
- Sur le site Universciences, Delphine Barbier-Pain, également palynologue, présente son travail de recherche.
- Le rôle des abeilles est évidemment très important dans la pollinisation. Pour en savoir plus sur le rôle de ces insectes, vous pouvez trouver au CDI : L'abeille, sentinelle de l'environnement rédigé par Henri Clément et Fabienne Chesnais.
Illustrations :
- Male pines cones par Martin LaBar. Licence Creative Commons cc by-nc 2.0
- Le grain de pollen : un outil microscopique. Extrait du diaporama de Nathalie Combarieu-Nebout
- A happy bee in a crocrus flower pokes his (her ?) head up to say hello to spring par morganglines. Licence Creative Commons cc by-nc-sa 2.0
- Pollen par dan.kristiansen. Licence Creative Commons cc by-nc-nd 2.0
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vendredi 30 janvier 2015
Vernissage de l'exposition Un corps, une histoire
Mardi 20 janvier, le lycée organisait le vernissage de l'exposition Un corps, une histoire.
Cette exposition a été organisée en partenariat avec la Mairie de Corbeil-Essonnes, qui nous a gracieusement prêtée des œuvres d'art contemporain faisant partie du patrimoine de la ville, et deux classes du lycée. La classe de 1e L1, spécialité histoire des arts, a élaboré la scénographie ainsi qu'un catalogue très complet présentant chacune des œuvres aux visiteurs. La classe de 2 GA2, elle, a pris en charge l'organisation technique et la mise en œuvre du vernissage.
- Corps féminins, elle-même découpée en trois sous-parties : femmes exhibées, autour de la figure du top-model ; femmes actives, qui interrogent les fonctions traditionnelles des femmes ; corps nus, qui attirent le regard sur la sensualité des courbes.
- Corps dansants, « qui nous emporte dans une valse tourbillonnante d'effervescence et de dynamisme »
- Corps violentés, qui montrent la violence sous différentes formes : destruction du corps, violence subtile, solitude extrême, et même violence dans la conception même du tableau.
- Corps rêvés, qui laissent libre cours à notre imagination
M. Serge Dassault, Sénateur de l'Essonne, M. Jean-Pierre Bechter, Maire de Corbeil-Essonnes, et une partie de l'équipe municipale, ont été accueillis lors du vernissage. M. Thierry Campenon, proviseur du lycée et M. Jean-Michel Fritz, premier adjoint au Maire en charge de la Culture, ont inauguré officiellement l'exposition par un discours. M. Campenon, dont les éléments de langage avaient été fournis par la classe de 2 GA2, a rappelé que la culture était un élément important de la vie du lycée et que l'accès à l'art et aux pratiques culturelles faisait partie des missions essentielles d'un établissement scolaire. M. Fritz a insisté sur le fait que l'on ne pouvait se contenter aujourd'hui d'attendre que le public vienne vers les œuvres d'art : les œuvres doivent aussi se déplacer vers le public.
Les élèves de 1e L ont ensuite présenté à chaque invité qui le souhaitait les œuvres à l'aide des commentaires préparés.
L'exposition est accessible librement aux élèves, sur les temps d'ouverture du CDI jusqu'au samedi 1er février. Les enseignants d'Arts Plastiques ont également prévu un questionnaire afin que les élèves puissent réfléchir à leurs émotions et les exprimer.
De grands remerciements à Sindy Duarte, responsable de l'animation et de la médiation culturelle à la Mairie de Corbeil-Essonnes, à Florence Cabaret, Bertrand Cahut et Delphine Vasseur qui enseignent dans les deux classes concernées, et aux élèves de 2 GA2 et de le L1, qui se sont prêtés au jeu avec dynamisme et sérieux.
Cette exposition a été organisée en partenariat avec la Mairie de Corbeil-Essonnes, qui nous a gracieusement prêtée des œuvres d'art contemporain faisant partie du patrimoine de la ville, et deux classes du lycée. La classe de 1e L1, spécialité histoire des arts, a élaboré la scénographie ainsi qu'un catalogue très complet présentant chacune des œuvres aux visiteurs. La classe de 2 GA2, elle, a pris en charge l'organisation technique et la mise en œuvre du vernissage.
Le catalogue de l'exposition préparée par les 1e L1 |
Préparation du vernissage par les 2 GA2 |
L'exposition se découpe en quatre parties :
- Corps féminins, elle-même découpée en trois sous-parties : femmes exhibées, autour de la figure du top-model ; femmes actives, qui interrogent les fonctions traditionnelles des femmes ; corps nus, qui attirent le regard sur la sensualité des courbes.
- Corps dansants, « qui nous emporte dans une valse tourbillonnante d'effervescence et de dynamisme »
- Corps violentés, qui montrent la violence sous différentes formes : destruction du corps, violence subtile, solitude extrême, et même violence dans la conception même du tableau.
- Corps rêvés, qui laissent libre cours à notre imagination
M. Bechter et M. Dassault discutant avec le proviseur |
Les discours de M. Campenon et M. Fritz |
L'exposition est accessible librement aux élèves, sur les temps d'ouverture du CDI jusqu'au samedi 1er février. Les enseignants d'Arts Plastiques ont également prévu un questionnaire afin que les élèves puissent réfléchir à leurs émotions et les exprimer.
Les élèves de 1e L, se préparant à présenter l'exposition |
De grands remerciements à Sindy Duarte, responsable de l'animation et de la médiation culturelle à la Mairie de Corbeil-Essonnes, à Florence Cabaret, Bertrand Cahut et Delphine Vasseur qui enseignent dans les deux classes concernées, et aux élèves de 2 GA2 et de le L1, qui se sont prêtés au jeu avec dynamisme et sérieux.
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lundi 19 janvier 2015
Épistémologie des sciences : Roland Lehoucq fait des sciences avec Star Wars
Mardi 13 janvier à 14h en salle Isnard, c'était la traditionnelle conférence de physique des classes préparatoires du lycée.
Roland Lehoucq, astrophysicien au Commissariat à l'énergie atomique sur le plateau de Saclay, nous a exposé plusieurs faits scientifiques à partir de différentes situations de la saga Star Wars, afin de démontrer que l'on peut se poser des problèmes scientifiques et tenter de les résoudre à partir de n'importe quoi, y compris des choses a priori extravagantes.
Larsen dans le haut-parleur. La conférence n'est pas commencée que Roland Lehoucq interpelle son public sur la réalité scientifique du phénomène qui vient de secouer de façon fort désagréable nos oreilles.
Il faut apprendre à raisonner, se poser des questions, exercer son esprit critique, utiliser ses connaissances scientifiques pour tenter de résoudre des problèmes ouverts : c'est ainsi que la science avance et cela est valable pour tous les publics auxquels Roland Lehoucq expose cette conférence.
Nos problèmes du jour résultent des questions que tout un chacun peut se poser après avoir vu les deux trilogies de Star Wars : qu'est-ce que la Force ? quelle est la puissance du sabre laser ? comment fonctionne "l'Étoile de la mort" ?
La première image que nous montre Roland Lehoucq présente l'Empereur couvert de sa cape envoyant un arc électrique sur Luke Skywalker à l'aide de ses seules mains. Cela ressemble beaucoup à une expérience du Palais de la découverte. L'air est rendu conducteur par la forte différence de potentiel électrique entre le sol et les mains.
Après avoir calculé le différentiel de potentiel nécessaire pour que l'empereur terrasse Luke, notre conférencier a cherché à imaginer comment isoler l'Empereur du sol. Pour cela, il faut que les chaussures soient suffisamment isolantes, ce qui dépend à la fois de la matière de la semelle et de sa taille. Après contact avec des fabricants de chaussures, il en a conclu qu'il fallait des semelles d'au moins 40 cm.
Pour essayer de se représenter ce qu'est la Force, on doit partir de sa définition donnée par le maitre Jedi Obi-Wan Kenobi.
« La Force c'est un champ d'énergie créé par tous les êtres vivants. Elle nous entoure et nous pénètre. C'est ce qui lie la galaxie en un tout uni ».
La forte différence de potentiel électrique rend l'air conducteur © Palais de la découverte / C. Rousselin |
Après avoir calculé le différentiel de potentiel nécessaire pour que l'empereur terrasse Luke, notre conférencier a cherché à imaginer comment isoler l'Empereur du sol. Pour cela, il faut que les chaussures soient suffisamment isolantes, ce qui dépend à la fois de la matière de la semelle et de sa taille. Après contact avec des fabricants de chaussures, il en a conclu qu'il fallait des semelles d'au moins 40 cm.
Pour essayer de se représenter ce qu'est la Force, on doit partir de sa définition donnée par le maitre Jedi Obi-Wan Kenobi.
« La Force c'est un champ d'énergie créé par tous les êtres vivants. Elle nous entoure et nous pénètre. C'est ce qui lie la galaxie en un tout uni ».
Tenter de démêler ce qui est scientifique dans ce discours nous fait approcher une réalité quotidienne, celle des publicitaires qui, pour nous vendre n'importe quoi, des crèmes de beauté au moindre objet technologique, enveloppent leurs discours d'un sabir pseudo scientifique à visée marketing. La définition donnée par Obi-Wan utilise de nombreux termes scientifiques (champ d'énergie, êtres vivants, galaxie, etc.), mais cela suffit-il à en faire une définition scientifique ?
À bien y réfléchir, cette définition de la Force est analogue à ce que nous connaissons de la force gravitationnelle. Le pouvoir des Jedi peut donc se comprendre comme la possibilité de manipuler la gravitation à distance.
Par exemple, quand Luke s'entraîne sur Dagoba, il apprend à faire léviter son vaisseau spatial, ce qui revient à faire s'exercer une gravité négative en dessous du vaisseau afin de le soulever puis une gravité nulle pour le maintenir en lévitation. Penser de telles modifications de la gravitation nous oblige à réévaluer la notion de haut et de bas. Le bas se définit alors comme la direction vers où nous attire la gravité.
Le sabre laser nous occupe ensuite un bon moment. La notion de sabre est un peu problématique, car le laser c'est de la lumière. D'ailleurs, laser signifie "amplification de la lumière par émission stimulée de rayonnement". On ne voit un laser que lorsqu'il rencontre un obstacle, ce qui n'est pas le cas des sabres laser du film. Le caractère fini du sabre laser pose également problème et, bien évidemment, quand deux faisceaux lumineux se croisent, ils ne s'entrechoquent pas en faisant du bruit... Les sabres laser semblent donc impossibles à réaliser en vrai.
Ensuite, se pose la question de la puissance dudit sabre. Il a fallu enquêter dans les films pour trouver une séquence permettant de la déterminer. Dans l'épisode I, La Menace fantôme, Qui-Gong Jinn fait fondre en trois secondes une porte en acier. Il suffit donc d'estimer le volume d'acier fondu, puis de calculer la température à laquelle il faut porter l'acier pour déterminer cette puissance. Après tous ces calculs, on peut estimer que la puissance du sabre est équivalente à celle d'une centrale nucléaire ! Ça laisse rêveur...
Enfin, la facilité avec laquelle l'Étoile noire pulvérise la planète Alderande nous donne l'occasion de quelques calculs sympathiques pour évaluer la force nécessaire à la destruction de la planète. Dans un premier temps, il faut calculer la force équivalente à la force de liaison de la planète, laquelle dépend de sa masse. Cette recherche nous a permis de comprendre pourquoi, passés une certaine masse, les objets célestes sont sphériques. Plus la masse d'un corps est importante et plus sa force gravitationnelle s'exerce, ce qui aplanit la surface. Une fois ce calcul terminé, reste encore à prendre en compte la puissance et la forme de l'explosion, celle-ci nécessitant un "tir" d'une puissance difficilement imaginable.
Ces leçons de physique avec Star Wars peuvent être reprises avec de nombreux autres films de science-fiction, selon l'imagination du lecteur du blog. Cela ne doit toutefois pas remettre pas en cause l'imaginaire poétique des films...
Pour aller plus loin
À bien y réfléchir, cette définition de la Force est analogue à ce que nous connaissons de la force gravitationnelle. Le pouvoir des Jedi peut donc se comprendre comme la possibilité de manipuler la gravitation à distance.
Par exemple, quand Luke s'entraîne sur Dagoba, il apprend à faire léviter son vaisseau spatial, ce qui revient à faire s'exercer une gravité négative en dessous du vaisseau afin de le soulever puis une gravité nulle pour le maintenir en lévitation. Penser de telles modifications de la gravitation nous oblige à réévaluer la notion de haut et de bas. Le bas se définit alors comme la direction vers où nous attire la gravité.
Le sabre laser nous occupe ensuite un bon moment. La notion de sabre est un peu problématique, car le laser c'est de la lumière. D'ailleurs, laser signifie "amplification de la lumière par émission stimulée de rayonnement". On ne voit un laser que lorsqu'il rencontre un obstacle, ce qui n'est pas le cas des sabres laser du film. Le caractère fini du sabre laser pose également problème et, bien évidemment, quand deux faisceaux lumineux se croisent, ils ne s'entrechoquent pas en faisant du bruit... Les sabres laser semblent donc impossibles à réaliser en vrai.
Ensuite, se pose la question de la puissance dudit sabre. Il a fallu enquêter dans les films pour trouver une séquence permettant de la déterminer. Dans l'épisode I, La Menace fantôme, Qui-Gong Jinn fait fondre en trois secondes une porte en acier. Il suffit donc d'estimer le volume d'acier fondu, puis de calculer la température à laquelle il faut porter l'acier pour déterminer cette puissance. Après tous ces calculs, on peut estimer que la puissance du sabre est équivalente à celle d'une centrale nucléaire ! Ça laisse rêveur...
Enfin, la facilité avec laquelle l'Étoile noire pulvérise la planète Alderande nous donne l'occasion de quelques calculs sympathiques pour évaluer la force nécessaire à la destruction de la planète. Dans un premier temps, il faut calculer la force équivalente à la force de liaison de la planète, laquelle dépend de sa masse. Cette recherche nous a permis de comprendre pourquoi, passés une certaine masse, les objets célestes sont sphériques. Plus la masse d'un corps est importante et plus sa force gravitationnelle s'exerce, ce qui aplanit la surface. Une fois ce calcul terminé, reste encore à prendre en compte la puissance et la forme de l'explosion, celle-ci nécessitant un "tir" d'une puissance difficilement imaginable.
Ces leçons de physique avec Star Wars peuvent être reprises avec de nombreux autres films de science-fiction, selon l'imagination du lecteur du blog. Cela ne doit toutefois pas remettre pas en cause l'imaginaire poétique des films...
Pour aller plus loin
- Roland Lehoucq est l'auteur de plusieurs ouvrage de vulgarisation scientifique. Le CDI possède en particulier Mais où est donc le Temple du Soleil ? consacré aux relations entre Tintin et la science.
- Dans le même registre, Marion Montaigne propose régulièrement sur son blog de BD Tu mourras moins bête (mais tu mourras quand même) des articles très drôles de vulgarisation scientifique. Récemment, elle a notamment traité des problèmes psychiques des astronautes et de la descente vertigineuse de Gandalf dans le Seigneur des Anneaux. Le CDI possède d'ailleurs le premier tome de Tu mourras moins bête : La science c'est pas du cinéma.
- Le Palais de la Découverte offre de nombreuses expériences scientifiques parmi laquelle l'expérience de physique électrostatique mentionnée par Roland Lehoucq.
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lundi 12 janvier 2015
Jeudi 18 Décembre : table ronde sur l'eau, étude de cas et regards de chercheurs
L'association Sciences Essonnes a présenté pour la première fois au lycée une table ronde sur l'eau permettant d'échanger sur des problématiques de développement durable, à partir de cas concrets présentés par deux chercheurs de discipline différentes: Abdoul Ba, maître de conférence en géographie à l'Université d’Évry Val d'Essonnes, et Camille Dupat, chercheuse en hydrodynamique à l'école Polytechnique. L'originalité de la formule, c'est aussi la présence des adhérents de l'association.
Qu'est-ce qu'un enseignant-chercheur ? C'est Abdoul Ba, géographe, qui répond en premier à cette question afin d'expliquer son métier aux élèves de seconde présents avec leurs professeurs d'histoire-géographie. Un enseignant-chercheur doit d'abord effectuer un certain nombre d'heures d'enseignement auprès de ses étudiants. Le reste du temps, il fait de la recherche sur sa spécialité qui est généralement un sujet qui le passionne. Il voyage pour enquêter sur le terrain et participer à des séminaires. Il écrit des livres, publie des articles...
Abdoul Ba nous présente son sujet d'étude qui porte sur le bassin du fleuve Sénégal, un espace très vaste, drainé par le fleuve et ses affluents sur 330 000 kms², comprenant 4 pays : la Guinée, la Mauritanie, le Sénégal et le Mali. La zone a des conditions climatiques arides, presque désertiques, d'ailleurs le mot arabe "Sahel" signifie rivage.
Avec trois mois de pluie par an, la vie des éleveurs et des cultivateurs est difficile et leur cohabitation compliquée : les éleveurs sont nomades alors que les cultivateurs sont sédentaires. Les éleveurs ont tendance à se déplacer le long du fleuve sans tenir compte des frontières héritées de la colonisation. Il parait absurde de présenter un passeport pour aller s'abreuver. Ces divergences d'intérêt ont même provoqué une guerre entre la Mauritanie et le Sénégal en 1989. La gestion de l'eau est en effet différente selon les pays et la prédominance des éleveurs ou pas dans leur population.
Deux barrages, l'un au Mali, l'autre au Sénégal viennent compliquer la situation. L'un empêche les remontées d'eaux salées dans l'embouchure du fleuve et l'autre sert à produire de l'hydroélectricité. Les écosystèmes sont alors modifiés et les maladies dues à la présence des eaux stagnantes augmentent. Le calendrier des activités humaines est lui aussi modifié car l'eau est toujours présente.
C'est un vrai défi de faire s'entendre quatre pays pour une meilleure gestion de la ressource et régler les différents problèmes nés de la construction des barrages dans l'intérêt de toutes les populations.
Camille Dupat, nous présente d'abord son laboratoire, où l'on vient du monde entier pour étudier l'écoulement des fluides : à l'échelle des océans comme à l'échelle des flux sanguins.
Elle nous propose alors une étude de cas qui évoque une situation très locale, celui du village de Chigungo au Chili, à peu près 200 personnes, dans le désert d'Atacama, une des zones les plus arides de la planète où il ne pleut que tous les 10 ans. Le brouillard, en revanche, est très souvent présent. L'eau potable du village était jusqu'à peu livrée par camion. En 1992, les villageois ont posé 50 filets à brouillard (de 4m de long sur 1m de haut) et ont ainsi pu récupérer, par condensation, des gouttes de brouillard, soit environ 10 000 litres d'eau par jour. C'est d'une mise en œuvre facile, les villageois ayant utilisé des filets de pêcheur ordinaire.
Dans ce contexte, quelle aide peuvent apporter les chercheurs ?
Ils ont étudié le phénomène et proposé des améliorations simples à partir de ce qu'il est possible de trouver sur place. Ils ont donc commencé par chercher comment s'agrègent les gouttes de 2 microns en suspension et comment elles peuvent s'écouler pour être récupérées ensuite dans un bassin et acheminées au village. Une série de films sur l'écoulement des gouttes sur différents supports nous a montré l'intérêt de cette étude. La nature du support importe énormément ainsi que la taille des mailles. Il faut favoriser la "coalescence" et éviter que le vent n'emporte les gouttes trop légères. Il faut également éviter les produits chimiques polluants et coûteux. Les chercheurs essaient aussi de voir si la méthode est transposable dans d'autres sites arides soumis au brouillard.
Dans tous les cas, les chercheurs partent d'une pratique de terrain pour proposer des améliorations de l'accès à l'eau. Ils s'interrogent aussi sur les manières de cultiver, l'usage de plantes plus adaptées à la sécheresse et sur l'éducation à ne pas gaspiller l'eau.
En effet, même si les pays du "Sud" n'en sont pas à des consommations d'eau par habitant aussi importantes que les pays du "Nord", les modes de vie tendent à se rapprocher. Il faut donc éduquer.
L'eau est source de cohésion des communautés. Au Chili, les filets font l'objet d'un travail collectif pour leur entretien. Pour le fleuve Sénégal, c'est un organisme international, l'Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS), regroupant des représentants des quatre pays concernés, qui définit la répartition de consommation et qui régule les usages.
Pour aller plus loin :
voici la bibliographie de M. Ba :
- Acteurs et territoires du Sahel, ENS, 2007
- Dimension culturelle du développement, L'Harmattan, 2010
- Dynamiques de développement et enjeux de gouvernance territoriale, L’Harmattan, 2013
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samedi 10 janvier 2015
Nous sommes Charlie...
Reçu aujourd'hui ce mail de la Fondation Seligmann que je souhaite partager avec le plus de monde possible......
La Fondation Seligmann et le journal Après-demain rendent hommage aux victimes de l'attentat perpétré contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 portant atteinte à nos valeurs démocratiques fondamentales.
Voltaire, Dictionnaire philosophique portatif (1764), extrait de l'article "Fanatisme", section II :
"On entend aujourd’hui par fanatisme une folie religieuse, sombre et cruelle. C’est une maladie de l’esprit qui se gagne comme la petite vérole. Les livres la communiquent beaucoup moins que les assemblées et les discours. On s’échauffe rarement en lisant : car alors on peut avoir le sens rassis. Mais quand un homme ardent et d’une imagination forte parle à des imaginations faibles, ses yeux sont en feu, et ce feu se communique; ses tons, ses gestes, ébranlent tous les nerfs des auditeurs. Il crie : « Dieu vous regarde, sacrifiez ce qui n’est qu’humain ; combattez les combats du Seigneur ! » et on va combattre.
Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un fanatique novice qui donne de grandes espérances ; il pourra bientôt tuer pour l’amour de Dieu. [...]
Il n’est d’autre remède à cette maladie épidémique que l’esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les mœurs des hommes, et qui prévient les accès du mal; car dès que ce mal fait des progrès, il faut fuir et attendre que l’air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent, pas contre la peste des âmes ; la religion, loin d’être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. [...]
Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?"
La Fondation Seligmann et le journal Après-demain rendent hommage aux victimes de l'attentat perpétré contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 portant atteinte à nos valeurs démocratiques fondamentales.
Voltaire, Dictionnaire philosophique portatif (1764), extrait de l'article "Fanatisme", section II :
"On entend aujourd’hui par fanatisme une folie religieuse, sombre et cruelle. C’est une maladie de l’esprit qui se gagne comme la petite vérole. Les livres la communiquent beaucoup moins que les assemblées et les discours. On s’échauffe rarement en lisant : car alors on peut avoir le sens rassis. Mais quand un homme ardent et d’une imagination forte parle à des imaginations faibles, ses yeux sont en feu, et ce feu se communique; ses tons, ses gestes, ébranlent tous les nerfs des auditeurs. Il crie : « Dieu vous regarde, sacrifiez ce qui n’est qu’humain ; combattez les combats du Seigneur ! » et on va combattre.
Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un fanatique novice qui donne de grandes espérances ; il pourra bientôt tuer pour l’amour de Dieu. [...]
Il n’est d’autre remède à cette maladie épidémique que l’esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les mœurs des hommes, et qui prévient les accès du mal; car dès que ce mal fait des progrès, il faut fuir et attendre que l’air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent, pas contre la peste des âmes ; la religion, loin d’être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. [...]
Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?"
L'équipe de la Fondation Seligmann et du journal Après-demain.
mardi 6 janvier 2015
Le temps : absolu ou relatif ?
Samy Sisaid, étudiant à l'école Polytechnique, est en stage au lycée. Il participe à l'accompagnement éducatif de nos élèves.
Les mardis 9 et 16 décembre, il a organisé, dans ce cadre, une conférence scientifique sur le thème du temps.
Samy Sisaid a d'abord rappelé que l'on aborde la question du temps par des échelles fixes de durée : heures, jours, années, etc. qui ne dépendent pas de nos perceptions psychologiques. Pour un homme, le temps peut passer parfois beaucoup trop vite, alors qu’à d’autres moments une minute semble durer longtemps. Le rêve brouille d’ailleurs encore plus notre perception du temps, puisque nous pouvons rêver aussi bien du passé que du futur. Les règles de temporalité semblent alors complètement disparaître. On ressent donc une distinction entre un temps psychologique, par nature relatif, et un temps physique qui nous semble universel et donc absolu.
Isaac Newton a défendu cette idée d’un temps physique absolu qui s’oppose au temps psychologique, mais cette théorie a été remise en cause par Albert Einstein en 1905. Newton a exposé ses principales théories dans les Principia :
- le principe d’inertie : un corps soumis à une force nulle ou à des forces qui se compensent conserve uniformément son mouvement (ou son absence de mouvement) ;
- la vitesse de la lumière ne possède pas de limite ;
- le principe de causalité : un effet ne précède jamais sa cause ;
- la loi de la composition de la vitesse : un homme qui marche dans un train cumule sa vitesse de marche avec celle du train dans un référentiel terrestre.
Paul Dirac a montré au contraire qu’il existait des particules pouvant disparaître avant d’apparaître. C’est pour conserver le principe de causalité, qu’a été développée la théorie de l’antimatière. Le principe de causalité revient à dire qu’il existe une direction au temps, une “flèche”. On peut au final considérer que c’est le principe d’entropie qui définit cette “flèche” en dehors des actions réversibles (= qui ne créent ni ne détruisent de l’ordre), autrement dit, le temps s’écoule dans le sens d’une augmentation du degré de désordre dans l’univers.
La découverte de la théorie électromagnétique de la lumière a remis en question l’idée d’un temps absolu. En effet, dès lors que l’on admet qu’il existe une vitesse de la lumière valable quelle que soit le référentiel, on ne peut appliquer la loi de composition de la vitesse à la lumière, sauf à admettre que c’est le temps qui évolue. C’est donc parce que la vitesse de la lumière est constante que le temps ne peut être que relatif. Celui-ci s’écoule d’autant moins vite que la vitesse de l’espace concerné est grande. On en arrive alors à l’idée d’un univers non en trois mais en quatre dimensions (c’est ce que l’on appelle l’espace de Minkoski à 4 dimensions). Cette théorie de la relativité restreinte a été découverte par Albert Einstein à l’âge de 26 ans.
On s’est également aperçu que la notion de simultanéité est elle aussi relative. Lorsque l’on actionne deux interrupteurs en même temps sans se déplacer, on peut voir les deux lumières s’allumer au même moment. Mais si l’on se déplace, notre perception change : selon le sens du mouvement une des deux lumières s’allume en premier. De même, si l’on imagine un extraterrestre immobile à plusieurs millions d’années lumières, celui-ci sera synchronisé avec notre présent. En revanche, s’il s’éloigne de la Terre, il sera synchronisé avec notre passé ; s’il se rapproche, il sera synchronisé avec notre futur. On parle alors de la théorie de "l’univers bloc" pour décrire le fait que dans l’espace co-existent notre présent, notre passé et notre futur.
Albert Einstein a ajouté à la théorie de la relativité restreinte celle de la relativité générale : plus une masse importante est proche et plus le temps s’écoule lentement. C’est cette théorie qui est notamment utilisée par le film Interstellar lorsque la navette spatiale s’approche d’un trou noir.
La notion de temps est également un concept important en biologie : son étude est appelée chronobiologie. La vie des êtres vivants est fondée avant tout sur la lumière. Celle-ci engendre des phénomènes à la fois endogènes (dont la cause est interne, ce qui signifie ici qu’elles sont liées à la génétique) et exogènes (dont la cause est externe). Pour l’homme, le rythme de la vie dépend de la lumière : lorsque il fait nuit, l’hypothalamus (qui est une région du cerveau) active les phases de sommeil ; lorsque il fait jour, l’hypothalamus active les phases d’éveil. C’est la mélatonine qui est l’hormone de régulation des rythmes de sommeil.
La chronobiologie s’intéresse également au vieillissement des êtres vivants. Les recherches en génétique ont montré que les parties terminales des chromosomes, que l’on nomme télomères, ne sont pas codantes (autrement dit, elles ne permettent pas la production de protéines). Ces télomères ont en fait pour fonction de préserver du vieillissement, puisque sans eux les chromosomes s’usent. Avec le temps, la télomérase fonctionne de moins en moins bien ce qui explique le vieillissement des individus. Des expériences ont d’ailleurs été menées sur des souris pour montrer qu’en injectant des enzymes de télomérase on pouvait retarder considérablement le vieillissement de ces souris et donc allonger leur espérance de vie.
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